Outre l'existence de deux gouvernements rivaux, le chef du gouvernement d'union nationale, reconnu par la communauté internationale, fait également face au refus du général Khalifa Haftar, qui dirige une armée parallèle, de reconnaître son autorité. Finalement les récentes visites en Algérie du général Khalifa Haftar et de Fayez As-Sarraj n'ont pas contribué à rapprocher les positions des deux hommes. C'est ce qui ressort du contenu de l'entretien publié lundi par le journal italien Corriere de la Serra, repris par de nombreux médias en ligne libyens, du général Haftar, dans lequel il affirme qu'il refuse le chef du gouvernement d'union nationale libyen. Il a surtout démenti les informations faisant état d'une future rencontre entre les deux hommes à Alger. "J'ai entamé des discussions avec Fayez As-Sarraj depuis deux années et demie sans résultats concrets. Mais il peut se joindre à notre guerre contre le terrorisme s'il le souhaite. Je n'ai aucun problème personnel avec lui, mais le problème se situe au niveau de son entourage", a déclaré Khalifa Haftar. Poursuivant dans le même ordre d'idées, il a souligné que "la priorité actuellement est la guerre contre le terrorisme et les terroristes. Après nous pourrons discuter de démocratie et de politique". Dans cette optique, il a évoqué sa dernière visite à Moscou, où il a obtenu l'accord de Vladimir Poutine pour lever l'embargo imposé à la Libye sur les armes. Khalifa Haftar a également réitéré sa disponibilité à coopérer avec la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie et la France. "La Libye a une longue histoire avec la Russie, et j'apprécie beaucoup la politique extérieure de Vladimir Poutine et ses efforts pour combattre le terrorisme dans la région du Moyen-Orient", a affirmé Khalifa Haftar. Il a par la suite sévèrement critiqué la position de l'Italie vis-à-vis de la Libye. "Il est malheureux que les Italiens aient choisi de rester aux côtés de nos ennemis de l'autre camp. Ils ont envoyé 250 soldats et des équipes médicales à Mesrata sans nous envoyer aucune aide à nous", a-t-il précisé. Le général Haftar a surtout regretté que la promesse des Italiens d'envoyer deux avions pour transporter les blessés de son armée se faire soigner en Italie n'ait pas été tenue jusqu'à maintenant. Il a estimé que sans le soutien des Etats-Unis, l'opération de libération de la ville de Syrte des mains de l'organisation terroriste autoproclamée "Etat islamique" n'aurait pas connu la réussite. Pour montrer l'importance de l'armée qu'il dirige, Khalifa Haftar a indiqué qu'elle se compose de 50 000 soldats et qu'elle contrôle près de 80% du territoire libyen. Selon lui, Daech a perdu près de 7 000 hommes dans les combats, qui se sont déroulés dans la zone de Benghazi, mais il continue à recruter des éléments de l'étranger, en plus du soutien de la région de Mesrata. Le général Haftar affirmera enfin que Seif-al-Islam Kadhafi n'a aucun avenir politique dans le pays. Merzak Tigrine