"Désormais, on est convaincu d'une chose : la répression émane du gouvernement et de son ministère du Travail, et non de Sonelgaz. Cette dernière est une victime de la politique répressive du gouvernement", affirme Raouf Mellal, président du Syndicat national autonome des travailleurs d'électricité et gaz (Snateg). Ce syndicaliste s'est dit "stupéfait" par la répression qui s'est abattue sur lui et sur ses camarades, lors des actions de Tizi Ouzou, de Béjaïa et d'Alger. "À aucun moment, nous n'avions imaginé que nous allions faire l'objet d'autant de harcèlement et de brutalité de la part des services de l'ordre (...) Nous avons vécu une véritable chasse à l'homme orchestrée par le gouvernement", a-t-il dénoncé. Pour M. Mellal, Sonelgaz et ses dirigeants ne seraient jamais allés aussi loin, selon lui, c'est le gouvernement, à travers le ministère du Travail, qui est derrière cette "cabale" contre les syndicalistes du Snateg. "À Ouargla, une trentaine d'adhérents ont été harcelés par les services de l'ordre et ils ont été carrément menacés", atteste-t-il. "À Béjaïa, on a été traités comme de vulgaires voyous et les forces de l'ordre nous ont chargés sans ménagement (...) Je ne comprends pas pourquoi les institutions de l'Etat (police et gendarmerie, ndlr) sont mêlées malgré elles à un conflit purement syndical ?" s'est-il interrogé. Notre interlocuteur accuse le gouvernement de vouloir "mettre au pas" tous ceux qui revendiquent leurs droits. "Notre action était pacifique et nous défendons une cause juste et légitime. Mais comme l'opinion publique l'a constaté, nous avons été matraqués et traités comme si nous étions des criminels. C'est honteux", s'est-il exclamé. Questionné à propos du rôle que devait jouer le département de Mohamed El-Ghazi, le président du Snateg s'est dit "attristé" de constater que le ministère du Travail, qu'il considérait comme un garant des droits des travailleurs, soit devenu un "instrument de répression". "Jeudi, et lors de notre sit-in devant le siège du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, à Alger, nous avons été carrément chassés par les responsables de ce département, qui ont fait appel à la force publique pour nous disperser par la violence (...) C'est pour cela que j'affirme que notre groupe (Sonelgaz, ndlr) est une victime de la politique de répression initiée par le gouvernement." Au sujet de l'évaluation de la grève de trois jours lancée par ce syndicat, son président l'a qualifiée de "totale réussite" : "Nous avons atteint les 100% à Tizi Ouzou, à Béjaïa et à Alger, 70% à Ouargla, à Tébessa et à Jijel et entre 50 et 65% dans les autres wilayas, le tout avec les contraintes et les pressions que l'on connaît." Au sujet des soutiens que le Snateg a reçu, Raouf Mellal relèvera qu'outre la Confédération syndicale internationale (CSI), le mouvement a été soutenu par le Public Services International (PSI) et l'IndustriALL Global Union, qui est une fédération internationale regroupant plus de 50, millions de travailleurs dans 140 pays. "Cet élan de solidarité nous honore et surtout nous donne le courage de poursuivre notre lutte", dira M. Mellal. Enfin, s'agissant des actions à venir, notre vis-à-vis a indiqué qu'un conseil national devra se réunir dans les prochains jours, afin de décider de la suite du mouvement et, surtout, pour mieux structurer le mouvement. RAMDANE B.