L'ouverture d'un front militaire dans le sud de la Libye a encore compromis les chances d'un déblocage du processus politique, sous l'égide des Nations unies et une implication active des pays voisins. L'Algérie a décidé de dépêcher en Libye son ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, qui a entamé hier une tournée qui le mènera dans plusieurs villes et régions libyennes, a rapporté l'APS. M. Messahel s'est rendu à Al-Bayda (est de la Libye) où il a rencontré des personnalités locales, dans le but de mettre fin aux affrontements armés qui se sont étendus jusque dans le sud du pays depuis quelques jours et qui ont déjà fait des dizaines de morts et de blessés. Ce déplacement "s'inscrit dans le cadre des efforts constants que l'Algérie n'a cessé de déployer en vue de rapprocher les positions des frères libyens pour une solution politique durable à la crise à travers le dialogue inclusif inter-libyen et la réconciliation nationale qui préserve l'intégrité territoriale de la Libye, sa souveraineté et l'unité et la cohésion de son peuple", a indiqué mardi soir le ministère des Affaires étrangères (MAE) dans un communiqué. Cette tournée "sera suivie par une autre qui concernera d'autres localités et régions de ce pays frère et voisin", selon la même source. La tournée de M. Messahel illustre l'ampleur du chaos politico-sécuritaire en Libye, en partie amplifié par l'ingérence de nombreuses puissances étrangères, à travers leur penchant en faveur de certains acteurs militaires et politiques, dont la légitimité et la représentativité est loin d'être celles de l'expression populaire libyenne. Après avoir reçu à Alger les principaux acteurs politiques, tribaux et militaires libyens, pour tenter de faire converger leurs points de vue en direction d'une solution politique concertée, l'Algérie se voit donc contrainte de passer la vitesse supérieure pour débloquer une situation plus qu'inquiétante et qui menace non seulement l'avenir de la Libye, mais aussi la stabilité des pays voisins et de toute la sous-région de l'Afrique du Nord, voire une partie du Sahel. Hier, les affrontements opposant les troupes du controversé maréchal Khalifa Haftar aux membres de la "troisième force armée" du Sud libyen ont fait au moins 12 morts dans la base aérienne de Timinhant (sud-est) et causé d'importants dégâts matériels. Les combats avaient commencé depuis plusieurs jours, après le lancement par M. Haftar de son opération "Sables mouvants" pour, officiellement, libérer le Sud libyen des terroristes, des milices et des bandits en tous genres. Mais le gouvernement d'union nationale (GNA), issu de l'accord de paix onusien du 17 décembre 2015 (Skhirat, Maroc), a dénoncé cette action de M. Haftar, fortement soutenu par le gouvernement parallèle de Tobrouk et d'une partie des tribus de l'Est libyen. Des pays comme l'Egypte, les Emirats arabes unis, mais également la Russie, appuient cet ancien général sous Kadhafi, sous le couvert de la lutte contre le terrorisme islamiste. Ce qui n'est pas pour favoriser un règlement politique de la crise libyenne, dont le processus engagé par l'ONU est toujours dans l'impasse. Lyès Menacer