Certains agriculteurs estiment déjà que c'est trop tard, à moins qu'il n'y ait de fortes précipitations, qui sauveront ne serait-ce qu'une partie des récoltes. Le manque de pluie inquiète les agriculteurs et les éleveurs de la wilaya d'Oum El-Bouaghi, et le directeur de la chambre d'agriculture parle même de sécheresse. Samedi matin, la prière d'el-istisqa' a été accomplie à travers toutes les grandes mosquées des communes de la wilaya, elle a donné espoir aux 12 000 producteurs de céréales recensés par la chambre. Certains d'entre ceux-ci estiment déjà que c'est trop tard, à moins qu'il n'y ait de fortes précipitations qui sauveront ne serait-ce qu'une partie des récoltes. De vocation agropastorale et comptant des milliers d'hectares de terres à haut rendement, la wilaya d'Oum El-Bouaghi totalise, au titre de la campagne agricole 2016/2017, une superficie emblavée de 212 000 ha de céréales, entre blé dur, blé tendre, orge et avoine. Elle n'a enregistré que 170 mm de pluviométrie depuis le mois de septembre, début de la campagne, alors que la moyenne se situe entre 260 et 400 mm. Le déficit du mois de mars, période des tallages, a entraîné le stress hydrique à F'kirina et affecté les zones sud de la wilaya (Aïn Zitoun, Behir Chergui, Belala), et dans la zone nord, comme Sigus, on parle de "souffrance" pour les plants. Les pluies du mois d'avril, d'une moyenne de 17 mm, ont permis, selon une source au fait du dossier, la récupération des superficies en zones potentielles, quand on sait aussi que 6000 ha font l'objet d'irrigation d'appoint à travers la wilaya. "C'est trop tard sauf si Dieu le veut", nous dira un agriculteur. Pour le président de la chambre d'agriculture de la wilaya, Khelifa Lekhdari, "la sécheresse que connaît la wilaya depuis bientôt 6 mois, et le fait que les pluies ne sont pas arrivées à temps en plus de la chaleur durant la journée et le froid durant la nuit ont affecté surtout la zone sud de la wilaya. À part les agriculteurs qui irriguent leurs terres, le reste est en sécheresse complète. L'espoir demeure encore pour le blé dur et le blé tendre, quant à l'orge, il n'y en a plus". Le président de la chambre, également SG de l'union de wilaya de l'UNPA, revient aussi sur la situation des éleveurs : "Elle est difficile, on est en train de nourrir le cheptel (en raison de l'absence d'espaces de pacage) et c'est coûteux. La paille, l'orge, le son, l'orge de consommation ne sont distribués par les CCLS que pour les éleveurs de 12 communes sur 29 au prix soutenu de 2300 DA le quintal. Sur le marché parallèle, les prix vont de 3500 à 4000 DA le quintal. Les prix sur les marchés à bestiaux ont ainsi baissé, la brebis qui faisait 5,5 millions de centimes est aujourd'hui vendue à 3,5 millions, soit deux millions de moins. Ce que perd l'éleveur ne peut être récupéré. Le prix des fourrages ne fait qu'augmenter et l'éleveur ne peut plus rentrer dans ses frais". La wilaya d'Oum El-Bouaghi compte, à titre indicatif, 609 000 têtes de cheptel ovin et 63 000 têtes de cheptel bovin. Si la situation persiste, la campagne moissons-battages ne drainerait pas le mouvement économique escompté habituel en pareille période avec les emplois saisonniers, directs et indirects. Une situation vraiment difficile. B. NACER