Le baril de Brent, pour livraison en juillet, était coté hier à 48,96 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 58 cents par rapport à la clôture de jeudi. Les cours de l'or noir ont chuté jeudi pour atteindre vendredi, vers 3h30 du matin, 46,64 pour le Brent, soit le niveau le plus bas depuis 5 mois et 43,76 dollars pour le WTI, un seuil qui n'a pas été atteint depuis 5 mois et demi. Les prix du pétrole de Brent baissent de près de 14% par rapport au 31 décembre 2016, tandis que ceux du WTI chutent de près de 17%. Cette baisse intervenue jeudi-vendredi est imputée au ralentissement économique en Chine. "La baisse de l'industrie manufacturière en Chine est la principale raison de la chute des prix des matières premières", a expliqué Ipek Ozkaderskaya, analyste chez London Capital Group, cité par l'APS. L'indice des directeurs d'achat (PMI) calculé indépendamment par le cabinet IHS Market et publié par Caixin, s'est établi à 50,3 en avril, au plus bas depuis huit mois, contre 51,2 points en mars. "Si l'indice devait descendre sous les 50, cela signifierait une contraction inattendue de l'activité du plus grand pays émergent dans le monde." En clair, la croissance chinoise tire la demande sur le brut, tandis qu'une baisse d'activité de ce pays a, en partie, une influence sur la demande pétrolière dans le monde. D'autres observateurs pointent du doigt les efforts insuffisants de l'Opep. "Le cours du brut a perdu tous les gains dus aux réunions de l'Opep ... La peur des prix trop bas avait poussé l'Opep à l'action et permis la limitation de la production, mais l'accord avait été long à trouver et la chute des prix risque de lancer une chance au coupable entre ses participants" , prévient Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix En fait, les marchés, selon certains spécialistes, sont inquiets à la fois de la hausse de la production américaine et les incertitudes sur la prolongation ou non de l'accord de limitation de la production de l'Opep. "La production américaine atteint désormais 9 millions de barils. Elle est en hausse de 10% par rapport à la mi-2016, ce qui réduit à néant les efforts de l'Opep pour rééquilibrer le marché", affirment des analystes d'Inenco, cités par l'APS. Premier facteur baissier, les marchés enregistrent une hausse continue de la production américaine depuis onze semaines, du jamais vu depuis 2012, observent des analystes. À cela s'ajoutent les hausses de production de la Libye et du Nigeria pas concernés par l'accord de limitation de la production de l'Opep. Les efforts de l'Opep risquent d'être insuffisants par rapport à l'impact sur les prix des facteurs précités, estiment ces analyses. La balle est donc dans le camp de l'Opep et des non-Opep. Si ces pays lancent un signal fort le 25 mai, les prix du pétrole vont remonter et se situer entre 55 et 60 dollars le second semestre 2017. Dans un scénario contraire, les pays producteurs risquent de se retrouver à des prix du pétrole autour de 40 dollars, voire moins. R. E.