Le spectre du FMI et son programme d'ajustement structurel douloureux des années 90 hantent les esprits. Le sujet est très chaud. À la veille de la présentation du plan du gouvernement, plusieurs spécialistes financiers plaident pour le recours de l'Algérie à l'endettement extérieur pour faire face au manque de ressources financières né de la baisse des prix du pétrole. Mais penchent pour une bonne utilisation de cette option. En d'autres termes, l'Algérie devra selon ces spécialistes contracter des crédits extérieurs pas pour financer la consommation ou les dépenses de fonctionnement liées au budget de l'Etat, mais pour des projets d'investissement rentables. Si on suit cette démarche, le recours à l'endettement extérieur n'est pas dangereux. L'endettement extérieur doit faire partie, selon eux, d'une série d'options financières pour drainer des ressources financières nécessaires aux besoins de l'économie nationale. Le gouvernement veut éviter cette alternative. Dans un communiqué du gouvernement rendu public la semaine dernière, l'Exécutif a esquissé ses priorités : santé, éducation, logement, rationalisation du commerce extérieur. Sur ce dernier point, il a affiché sa décision de recourir aux licences d'importation pour les produits superflus afin d'éviter l'endettement extérieur. Si l'on croit cette résolution, cela veut dire que le gouvernement Tebboune ne compte pas recourir à l'endettement extérieur pour faire face au manque de ressources financières. Cette prudence peut se justifier par la crainte d'un recours au FMI et d'un nouvel ajustement structurel douloureux pour la population : licenciements massifs, liquidations d'entreprises, abandon ou recul de la politique sociale de l'Etat. Le PAS des années 90, un effet du surendettement des années 80, est resté dans le subconscient des responsables comme une erreur à ne plus reproduire, du fait de ses impacts négatifs sur la situation économique et sociale du pays. Mais la question est de savoir si le gouvernement Tebboune peut éviter l'endettement extérieur. La réponse est négative, à première vue, au regard de l'héritage de son prédécesseur, des importations qui ont dérapé les quatre premiers mois de 2017, un budget d'équipement en chute libre, ce qui explique les problèmes du secteur du BTPH, un Fonds de régulation des recettes en voie d'extinction, des cours du pétrole à moins de 50 dollars. La réponse dépendra, en fait, de la ténacité et de la réactivité du gouvernement Tebboune. S'il met rapidement en œuvre des mesures efficaces de mobilisation de nouvelles ressources financières : plus grande implication du privé national et étranger dans le financement des projets. Ce qui semble difficile. Car il convient de favoriser un retour à la confiance, une amélioration du climat des affaires et de nouvelles incitations en direction de ces investisseurs. La complexité de cette tâche renvoie également à la capacité des ministres à matérialiser sur le terrain ces mesures. A contrario, en cas de recours à l'endettement, la prudence devra être de mise : ne pas contracter des crédits coûteux qui risquent de nous enfoncer dans le surendettement comme les crédits fournisseurs ou acheteurs prohibitifs, ne solliciter de crédits extérieurs que pour des projets d'investissement rentables. La prudence devra également s'exercer dans le choix du type de crédit. La politique d'endettement prudente signifie aussi privilégier les crédits concessionnels à conditions avantageuses : ceux de la Banque africaine de développement et ceux des autres institutions financières internationales ou ceux octroyés par des pays partenaires de l'Algérie. Elle devra privilégier également le project financing : c'est-à-dire un projet qui se finance par lui-même. En clair, le financement du projet ne revient pas à l'Etat : il se rembourse par les revenus tirés de la commercialisation de la production de l'usine à son exploitation. Ce type de financement a été utilisé dans la réalisation des 11 usines de dessalement à travers le territoire national qui sont toutes opérationnelles aujourd'hui. K. Remouche