Dans son intervention devant les représentants des 37 fédérations sportives, le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, a affirmé qu'"étant le garant du respect des textes et des lois, le MJS ne ménagera aucun effort pour circonscrire cette crise et assurer le retour de la sérénité au sein du mouvement sportif national, appelé à faire passer l'intérêt du pays, des sportifs algériens et des nobles valeurs olympiques avant tout". Pile-poil dans la mire, le ministre a vu juste, les pouvoirs publics ont pour vocation de faire respecter les lois de la République sans aucun parti pris ou opinion préconçue. C'est un gage de démocratie et de respect des institutions de la République. Cependant, le respect des textes et des lois ne se morcèle pas, il ne s'accommode d'aucune exception. Or, depuis quelque temps, nous assistons à une passivité flagrante de la tutelle quant à ce respect de la réglementation, à commencer par l'aide et la contribution consenties par l'Etat et les collectivités locales aux clubs professionnels. L'Etat avait fixé en 2011 les modalités d'octroi de ces subventions et surtout les chapitres de leur utilisation. Tout cela est codifié dans le décret exécutif n°14-368 du 15 décembre 2014 fixant les conditions et les modalités de l'octroi de l'aide et de la contribution de l'Etat et des collectivités locales au club sportif professionnel, signé par l'ex-Premier ministre Abdelmalek Sellal. Toutefois, la majorité des clubs continue à détourner cet argent provenant soit de l'Etat (2,5 milliards de centimes pour chaque club), soit des collectivités locales pour payer des salaires des joueurs ou des entraîneurs sous les yeux complices de l'administration centrale (MJS) pas si prompte à faire respecter les lois. En outre, le décret exécutif 16-153 du 23 mai 2016, signé par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, stipule dans son article 14 que "le dirigeant sportif bénévole ne peut être en conflit d'intérêts avec... le club sportif en rapport avec la responsabilité de la fonction". Or l'exemple de la fédération de football (FAF) est édifiant ; des membres du bureau fédéral sont toujours en poste dans leurs clubs ou ligues respectifs au mépris de la loi sans que le MJS bouge le petit doigt. Cela a engendré bien entendu des situations de favoritisme, comme celle que nous avons déjà constatée au sein de l'équipe nationale où des joueurs sont invités à des stages des Verts sur injonction de la fédération. Par ailleurs, l'article 185 de la loi 13-05 "interdit tout transfert d'une subvention publique accordée à un club sportif amateur vers un club sportif professionnel". Cette entorse tombe même sous le coup des dispositions pénales de la même loi 13-05 qui punit son auteur d'emprisonnement. Mais là aussi le MJS fait l'autruche. Des scandales concernant l'octroi des subventions pour les associations ont éclaté dans les wilayas du pays sans que le MJS diligente des enquêtes ou prenne des mesures. Enfin, des accusations de corruption et de marchandage de matches ont fusé ces derniers temps sans que le MJS mette le holà. Le silence de la tutelle à ce titre est assourdissant ! S. L.