Les inspecteurs et les agents de la Direction du commerce et des prix (DCP) de la wilaya d'Oran ont observé, hier, un rassemblement de protestation devant le siège de la direction. Ce rassemblement est l'expression d'un ras-le-bol généralisé qui couve depuis des mois, voire même des années, chez les fonctionnaires de cette administration. D'ailleurs, la mobilisation, à l'appel de la section syndicale UGTA, a été importante puisque pas moins d'une soixantaine de personnes ont observé ce sit-in de protestation entre agents et inspecteurs venus des inspections régionales, celles des frontières et de la DCP. Et ce n'est pas un hasard si cette action intervient alors que le mois de Ramadhan tire à sa fin, période la plus chargée pour les inspecteurs des contrôles. Les raisons de ce ras-le-bol sont multiples, comme nous l'ont expliqué les contestataires. Tout d'abord, beaucoup d'inspecteurs ont tenu à raconter dans quelles conditions ils sont contraints de travailler et d'effectuer leur mission de contrôle, sans moyens, sans véhicule et sans protection policière, alors que la réglementation est claire. Conséquences : ils sont victimes parfois de menaces et d'agressions physiques et verbales. Un agent témoigne sur le cas d'une collègue qui, il y a quelques années, a été enfermée dans une chambre froide. "Depuis, elle n'a pas supporté et a démissionné", affirme-t-il. Il y a encore le cas d'un autre inspecteur de la qualité qui, lors d'un contrôle et de la verbalisation d'un boucher, a vu ce dernier brandir un couteau et le menacer. "J'ai déposé plainte parce qu'il a voulu me poignarder et bien sûr ma direction ne m'a même pas soutenu, ni désigné un avocat. J'ai dû faire face tout seul à mes frais", raconte encore notre interlocuteur. Les protestataires se disent abandonnés et livrés à eux mêmes par des responsables et une hiérarchie qui ne les défend pas. Comme pour les cas où des inspecteurs se retrouvent poursuivis en justice, mis sous contrôle judiciaire, ou encore mutés alors qu'ils n'ont fait que leur travail, selon leurs collègues. Les revendications socioprofessionnelles, comme les révisions du statut, l'augmentation des primes, ne sont pas en reste. "Cela fait 6 ans que nous attendons le nouveau statut particulier, entre-temps nous revendiquons l'augmentation des primes ou l'indemnité de fonds de recouvrement commun, au même titre que les autres corps comme les douaniers, les inspecteurs des forêts, les policiers qui, en qualité d'auxiliaires de justice, ont vu leur prime augmenter et pas la nôtre, alors que nous avons aussi le statut d'auxiliaire de justice pour certaines missions", dénonce un représentant syndical. Les salaires sont également jugés dérisoires, comparés à l'importance de leur mission. "Un inspecteur principal en chef touche 27 000 DA, un inspecteur avec un master 34 000 DA et un licencié 32 000 DA, alors qu'on fait rentrer des milliards dans les caisses de l'Etat", précisent les contestataires. D. LOUKIL