Depuis l'avènement du professionnalisme dans le football algérien en 2010, les masses salariales au sein des clubs dits professionnels au nombre de 32 (Ligues 1 et 2) ont considérablement augmenté. Elles grèvent parfois jusqu'à 80% du budget des clubs, ce qui implique des déficits budgétaires colossaux et des dettes sans cesse croissantes. Parmi ces dettes, figure justement et en bonne place celle due à la Cnas (Caisse nationale des assurances sociales). C'est-à-dire que depuis 2010, les clubs ne payent pas, ou très peu, les cotisations sociales à la Cnas et à la CNR (Caisse nationale des retraites) de leurs employés, à savoir les joueurs et les membres des différents staffs, technique, médical et administratif. Ceci au moment où le simple citoyen algérien ne peut pas se permettre un tel luxe, puisque ses cotisations à la Cnas sont prélevées à la source, sous peine de sanction immédiate, c'est-à-dire au niveau de l'organisme employeur. La direction de la Cnas a beau envoyer des mises en demeure aux clubs et saisir la FAF et la LFP, les clubs continuent de tordre le cou à la réglementation et ce dépit de l'existence depuis le 1er juin 2016 du décret exécutif 16-152 fixant l'assiette, le taux de cotisation et les prestations de sécurité sociale auxquelles sont assujettis l'encadrement technique sportif et les joueurs de football des clubs professionnels. Un décret du reste publié au Journal officiel. Selon une source digne de foi, nous apprenons que les dettes des clubs auprès de la Cnas ont dépassé la barre des 100 milliards de centimes ces derniers mois. "Les créances varient certes de club en club, en fonction des masses salariales, mais le chiffre global dépasse largement les 100 milliards de centimes, ce qui représente un gros trou pour un organisme comme la Cnas." Depuis quelque temps déjà, du temps de Mohamed Raouraoua, la FAF, bien qu'elle ne soit pas responsable des manquements des clubs en la matière, a tenté de trouver une solution à cet épineux dossier. Vers un rééchelonnement inévitable des créances En décembre 2016, la fédération a fait une proposition à la Cnas consistant en le payement d'un forfait de 32 milliards de centimes, soit un milliard par club, pour régler le passif depuis 2010, avant d'ouvrir une nouvelle page entre les clubs et la Cnas. Cependant, devant l'ampleur des créances, la Cnas a rejeté cette proposition, et les discussions se sont achevées sans qu'un accord soit trouvé. Pour sa part, la Cnas, afin d'aider les clubs, a fait une proposition intéressante et avantageuse qui consiste à fixer "le montant de la rémunération soumise à cotisation de sécurité sociale, à 15 fois le SNMG, avec un taux de 34,50%". Autrement dit, les membres des différents staffs et les joueurs des clubs pros dont les salaires dépassent les 27 millions de centimes (15 fois le SNMG) vont devoir payer leurs cotisations sociales sur la base de ce seuil minimal (salaire forfaitaire) avec un taux de 34,5%. Les membres des staffs techniques dont le salaire est inférieur à 27 millions devront s'acquitter de leurs cotisations sur la base de leur salaire réel avec le même taux de 34,5%. C'est d'ailleurs ce qui a été rapporté dans le décret exécutif 16-152. Une aubaine pour les clubs quand on sait qu'il existe des cadres algériens qui payent rubis sur l'ongle leurs cotisations à des taux bien plus élevés. En l'absence donc d'un accord et devant l'accumulation des dettes des clubs, la FAF, à sa tête le président Kheireddine Zetchi, a décidé de relancer les discussions avec la direction de la Cnas pour tenter de trouver une solution. Lors de sa récente conférence de presse, Zetchi avait annoncé une prochaine réunion entre la FAF, la LFP et la Cnas à ce sujet, sans pour autant dévoiler sa proposition pour mettre fin à ce contentieux. Cependant, selon notre source, la solution passera inévitablement par un rééchelonnement de cette dette et la signature de conventions d'accord entre chaque club et la Cnas. En cas de non-respect de ces accords, la FAF pourra, le cas échéant, intervenir pour sanctionner les clubs et prélever directement cette dette de la quote-part TV, comme cela a été suggéré lors de la première réunion du bureau fédéral de la FAF, version Zetchi. Considérant que sur les 34,5% que payent les clubs comme cotisations, 18% vont à la CNR, les joueurs et les membres des encadrements technique, médical et administratif peuvent aspirer également à une retraite. SAMIR LAMARI