Le feuilleton de la crise politique dans le nord du Mali a connu ces dernières semaines des rebondissements qui risquent de saper les efforts de la communauté internationale à rétablir la paix dans ce pays. Après avoir engagé de meurtriers combats contre ses rivaux de la Plateforme et occupé samedi la ville de Ménaka (nord-est), la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion) pose maintenant de nouvelles conditions pour le retour des autorités maliennes à Kidal, dans le cadre de la mise en œuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger. Selon les médias maliens, la CMA exige l'installation d'un "gouverneur neutre" à Kidal et veut exclure les éléments armés de la Plateforme du Mécanisme opérationnel de Coordination (MOC) qui doit être mis en place dans cette région, au cœur d'une guerre d'influence depuis des mois. Mais ces nouvelles exigences vont à contresens des Accords signés par la CMA et la Plateforme ainsi que par le gouvernement malien, sous l'égide de l'ONU en mai et juin 2015. Car, les accords signés prévoient une participation équitable des différentes factions armées au sein de CMA et de la Plateforme, encadrées par les forces armées maliennes (Famas) et les forces de la mission onusienne de maintien de la paix la Minusma. Ainsi, la CMA veut que "la mise en place du MOC avec 200 éléments Famas et 200 éléments CMA sans les éléments du Gatia ni pro-Gatia (groupe d'autodéfense des Touareg imghad et alliés, Plateforme d'Alger)". Une exigence considérée comme absurde et une violation des termes de l'accord d'Alger, lit-on dans les médias locaux. Les exigences de la CMA, qui peuvent être considérées comme un chantage, interviennent au moment même où les violences armées ont repris dans le nord du Mali, faisant des dizaines de morts dans les rangs de l'ex-rébellion et dans ceux de sa rivale la Plateforme. Ces combats durent depuis deux semaines dans la région de Kidal et ses environs. La médiation des autorités de Bamako et de la communauté internationale, garante de la mise en œuvre de l'accord de paix, n'ont donné aucun résultat. Forte de sa victoire militaire contre Gatia, la CMA est repartie à la conquête de Ménaka samedi avant de quitter la ville après l'arrivée des éléments des Famas, selon des sources locales. "Avec l'arrivée de l'armée, ils se sont repliés vers Kidal de peur d'être attaqués", a rapporté la presse locale, citant des témoins. "Les forces armées maliennes et la Minusma assurent actuellement la sécurité de la totalité de la ville de Ménaka", a souligné par ailleurs le journal en ligne Malijet. Pour rappel, la communauté internationale a "vivement condamné les dernières violations du cessez-le-feu, survenues le 26 juillet dans les régions de Kidal et de Gao entre la Plateforme et la CMA", lit-on dans un communiqué publié vendredi. La communauté internationale a également demandé au Conseil de sécurité de l'ONU de mettre en place des sanctions ciblées contre les auteurs de ces violences, ce qui ne semble pas inquiéter la CMA et Gatia qui continuent à s'affronter régulièrement dans le nord du pays depuis presque trois ans. Lyès Menacer