Les feux de forêt ont continué de ravager, hier, des hectares de surfaces boisées. Dans certaines wilayas, comme Bouira, les flammes ont atteint des élevages animaliers. Le tout sous une canicule étouffante. Au cours des dernières 24 heures, les éléments de la Protection civile de la wilaya d'Oran ont effectué 103 interventions pour maîtriser 14 incendies. Des incendies qui se sont déclarés dans les forêts et maquis mais également à l'intérieur du tissu urbain. Aucune victime n'a été déplorée mais de nombreuses personnes incommodées par la fumée ou souffrant de maladies respiratoires ont été transférées dans des établissements hospitaliers. En début de semaine, les soldats du feu ont dû intervenir pour circonscrire 22 incendies de différentes importances, qui s'étaient déclarés un peu partout dans la wilaya d'Oran. Là aussi, aucun décès n'a, fort heureusement, été enregistré. Dans les wilayas de l'Est, certains incendies n'avaient pas encore été maîtrisés hier. À Guelma, l'incendie survenu à Djebel Béni-Salah qui abrite 14 000 hectares de forêt, fait toujours l'objet d'une lutte implacable menée par les sapeurs-pompiers aidés par leurs collègues dépêchés d'Annaba. Ce feu est attisé par une canicule exceptionnelle qui sévit dans la région avec des pics de 46°C à l'ombre. Hier encore, quatre incendies sont survenus et ont nécessité la mobilisation d'énormes moyens humains et matériels. À Jijel, 17 incendies ont été enregistrés dans 6 daïras, notamment dans les régions Est. Les feux de forêt enregistrés, durant ces dernières 48 heures, ont détruit une superficie estimée à 41 hectares. Cependant, aucune victime ni dégât matériel n'ont été signalsé et tous les feux ont été circoncrits mardi. À Bordj Bou-Arréridj, le dernier foyer d'incendie a été éteint mercredi à l'aube après plusieurs heures de lutte ayant nécessité la mobilisation de gros moyens. Les flammes ont ravagé une dizaine d'hectares de pins d'Alep, de chênes verts et de broussailles, a indiqué notre source. Tizi Ouzou : 20 départs de feu enregistrés La direction de la Protection civile de Tizi Ouzou a dénombré, hier encore, une vingtaine de départs de feu dont deux importants incendies localisés dans deux vastes massifs forestiers de la wilaya, en l'occurrence les forêts de Mizrana de Zekri d'Azeffoun. Le directeur de la Protection civile de Tizi Ouzou a précisé que pour ces trois derniers jours, c'est surtout le flanc nord de la wilaya — correspondant à la Kabylie maritime — qui a été le plus touché, notamment dans les deux daïras côtières de Tigzirt et d'Azeffoun. À Tamassit, un village relevant de la commune d'Aghrib, le pire a été évité de justesse dans la nuit de mardi à mercredi où un important incendie a menacé toute la localité. L'arrivée rapide des unités d'intervention et l'aide précieuse des villageois ont évité une véritable catastrophe vu que le feu s'est dangereusement rapproché des habitations. Mardi, la Protection civile a dénombré 21 départs de feu nécessitant l'intervention, non seulement des pompiers, mais aussi des éléments de l'ANP, de la Conservation des forêts, des services municipaux et de nombreux citoyens volontaires. Il est à rappeler que lors de la dernière session APW consacrée aux incendies, le directeur de la Protection civile avait souhaité "renforcer la cohésion entre les comités de village, le monde associatif et les autorités locales pour la réalisation des travaux de prévention contre les feux de forêt bien avant le début de la saison sèche, à savoir le désherbage autour des villages et des habitations isolées ou proches des espaces boisés ou des massifs forestiers". Béjaïa : des villages évacués À Béjaïa où plus de quatre-vingts départs de feu ont été enregistrés durant les trois derniers jours, sept feux de forêt étaient toujours actifs hier. À la mi-journée, des massifs forestiers dans les communes de Tifra, de Melbou, de Beni K'sila, d'El Kseur et de Toudja étaient toujours la proie des flammes. Outre les énormes pertes en couvert végétal, des villages menacés par les flammes ont été évacués, mais aucune perte humaine n'a été déplorée. Il s'agit notamment des villages de Taouririne et Tiaâmoudine (Toudja) où les habitants ont trouvé refuge chez les habitants d'Ibarissène ainsi que le village d'Ibenhadjiène du côté de Boumansour, épargné grâce à l'aménagement foncier. Des villageois que le brasier a menacés notamment à Ikhennoussène et Taqaba dans la commune de Beni K'sila ont, en revanche, refusé de quitter leur foyer, selon le directeur des forêts de Béjaïa. À Tifra où le feu n'a été maîtrisé qu'hier en début d'après-midi, un important couvert végétal a été détruit. Les flammes qui se sont déclarées à Izoughlamène ont touché également les régions d'Adekar et d'El-Kseur. Jusqu'à hier après-midi, les sapeurs-pompiers étaient toujours à pied d'œuvre pour venir à bout du sinistre. S'agissant des pertes en couvert végétal, le directeur des forêts de Béjaïa a fait état de 73,5 hectares dont, 22 hectares de maquis, 13 hectares d'arbres fruitiers et 38 hectares de broussailles qui ont été détruits par les flammes ces dernières 48 heures. Bouira : les sinistrés de Maâla crient au secours ! 48h après les terribles incendies qui ont ravagé les divers villages de la commune de Maâla, la population est partagée entre résignation et colère. Cette dernière est plus que palpable chez des sinistrés qui disent avoir tout perdu, mais surtout être complètement oubliés par les pouvoirs publics. "Hormis le maire, aucun autre responsable n'est venu s'enquérir de notre situation. Nous avons failli être brûlés vifs et aucun responsable ne s'est déplacé", déclarent des villageois. Ces derniers se disent "marginalisés" par les autorités. "Nos maisons ont été calcinées, nous n'avons plus de toit pour nous et pour nos enfants et nous sommes contraints de dormir dehors", fera remarquer Smaïl, un habitant du village de Laghoual, lequel a été entièrement ravagé par les flammes. Notre interlocuteur soulignera le fait qu'excepté les pompiers et les gendarmes, aucune autre autorité n'a mis les pieds dans son village. Certains éleveurs avicoles, dont les poulaillers ont été dévastés par le feu, attendaient toujours l'arrivée des experts des assurances afin d'établir le bilan des pertes. "Jusqu'à aujourd'hui (hier, ndlr), aucun expert n'est venu. Pourtant je suis assuré auprès de la CRMA", regrette Mahfoud, un aviculteur de la localité d'Aïn El-Beïda. Pour ce qui est du volet des indemnisations, ces sinistrés posent une question simple, mais lourde de sens. "Comment peuvent-ils nous indemniser, alors qu'elles (autorités, ndlr) ne sont pas venues s'enquérir de notre situation ?", s'est interrogée Mme Ghania, une habitante de Laghoual. Du côté des services de la daïra de Lakhdaria, on assure qu'une commission ad hoc a été mise en place, dans le but d'étudier les dossiers au cas par cas en vue d'une indemnisation rapide. Par ailleurs et selon les chiffres de la Protection civile de Bouira, depuis le 1er juin jusqu'au 1er août, plus de 2 800 arbres fruitiers et 1 500 bottes de foin ont été ravagés par les flammes, en raison de 53 incendies qui sont survenus et ont touché le patrimoine arboricole fruitier dans la wilaya de Bouira. De leur côté, les services de la Conservation des forêts, font état de la destruction de plus de 80 hectares depuis le 1er juin dernier.