Devant les résultats des sondages confirmant le rejet de la Constitution européenne par les Français, l'avenir de l'Union européenne inquiète de plus en plus les diplomates du Vieux Continent dans la capitale belge. “Nous en parlons tout le temps”, a déclaré le ministre hollandais des Affaires étrangères au sujet de la menace du “non” à la Constitution européenne de plus en plus croissante en France. La réaction néerlandaise est justifiée parce que les Pays-Bas sont appelés à organiser leur référendum sur la question le 1er juin, soit deux jours exactement après la France. Une opération qui risque d'être annulée si jamais les Français confirment par les urnes leur rejet. La déclaration de Bernard Bot, le chef de la diplomatie batave, montre le degré de préoccupation prévalant au sein de l'Union européenne. L'inquiétude est d'autant plus grande, car la menace provient d'un des pays fondateurs de la construction européenne. Jean Asselborn, le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, n'y va pas par quatre chemins. Il estime que les Français ne pensent qu'à eux-mêmes. Selon lui, ils n'ont pas le droit de s'exprimer de cette façon en pensant d'abord à la situation politique de leur pays. Il met les Français au pied du mur en affirmant qu'ils ont la responsabilité de “faire avancer l'Europe, et pas seulement pour la France, mais aussi pour tous les pays qui comptent sur la France, qui sont avec la France comme nous depuis presque 50 ans maintenant dans l'Union”. Son homologue danois, dont le pays s'était illustré par deux fois dans le passé en rejetant par référendum le traité de Maastricht et l'euro, verse dans le même sens en résumant l'état d'inquiétude régnant à Bruxelles à travers sa phrase : “Tout le monde est préoccupé par le référendum français.” Cette inquiétude grandissante trouve son explication dans le fait que les diplomates européens n'ont pas prévu de solution de rechange. En effet, officiellement comme en privé, les responsables de l'UE admettent qu'ils n'ont pas préparé de plan B. “Nous n'avons pas de plan B. On ne peut pas avoir de plan B. C'est oui et c'est la seule façon de débattre de ce point, donc nous comptons à 100% sur ce résultat”, a reconnu le ministre néerlandais des Affaires étrangères. Réaction identique du chef de la diplomatie française, qui n'a pas hésité à dire : “Il n'est pas possible qu'il y ait un plan B”. D'après lui, on ne pouvait songer à une solution de rechange parce que le texte constitutionnel avait été débattu et rédigé pendant plus de deux ans par tous les gouvernements et les Parlements nationaux, et approuvé par les syndicats. Continuant sur sa lancée, il ajoutera : “Donc, il n'y aura pas d'autre Constitution, il n'y aura pas d'autre discussion possible avant très longtemps, et on en restera aux traités actuels et on sait que ces traités ne sont pas satisfaisants. Chaque français doit mesurer sa propre responsabilité.” Ceci étant, le fait que le référendum français n'aura lieu que le 29 mai, l'optimisme est encore de mise. Les autorités de l'Hexagone espèrent pouvoir faire comprendre l'importance de l'enjeu à leurs citoyens durant les semaines à venir pour inverser la tendance du “non”. K. A.