Les débats sur le plan d'action du gouvernement pour la mise en œuvre du programme du président de la République ont clôturé avant-hier avec les interventions des chefs des groupes parlementaires. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, répond aujourd'hui aux préoccupations soulevées par les députés. Si le plan d'action s'article autour de plusieurs volets (sécuritaire, politique et économique), les interventions des députés ont porté, essentiellement, sur les questions économiques, notamment le recours au financement non conventionnel qui soulève beaucoup d'appréhension. Les assurances avancées par le Premier ministre lors de la présentation du plan d'action n'ont, visiblement, pas convaincu les députés de l'opposition. Dimanche dernier, M. Ouyahia avait assuré que les fonds qui seront empruntés par le Trésor auprès de la Banque d'Algérie ne sont pas destinés à alimenter la consommation, mais bien à financer l'investissement public, ce qui ne sera donc pas source d'inflation. En second lieu, le Trésor fait face actuellement à une dette publique qui ne dépasse pas les 20% du Produit intérieur brut. Il dispose ainsi d'une marge raisonnable d'endettement. "En tout état de cause, l'Algérie vient de s'assurer ainsi la sauvegarde de son indépendance financière et la poursuite de son effort de construction nationale", avait-il soutenu. Pour le député du Parti des travailleurs, Ramdane Taâzibt, le plan d'action du gouvernement poursuit les mêmes politiques qui ont déjà échoué. "Il botte en touche d'une certaine manière", a-t-il affirmé, relevant que le plan fait l'impasse sur les vrais problèmes du pays, la corruption, les marchés douteux, la séparation de l'argent de la politique, l'impôt sur la fortune... Le président du RCD, qui a d'ores et déjà annoncé que son parti votera contre le plan d'action, souligne que ce dernier "n'apporte aucune solution crédible à même de remettre en cause" le système "rentier et bureaucratique qui vient de provoquer la faillite de l'Etat, qui bloque la création d'entreprises et entrave le fonctionnement de celles qui survivent". Pour Mohcine Belabbas, la gravité de la crise n'a pas été suffisante pour convaincre le Premier ministre de "l'urgence d'une refondation structurelle à tous les niveaux et dans de multiples domaines". D'ailleurs, une vingtaine de députés ont interpellé le Premier ministre sur l'empêchement, par le port de Béjaïa, du déchargement équipements importés par Cevital. "Nous, députés de la nation, avons l'honneur de vous solliciter pour une intervention urgente concernant un projet industriel phare pour notre pays qui est bloqué par les agissements du P-DG du port de Béjaïa. Ce projet industriel, porté par la société Cevital, a pour objectif de rendre notre pays indépendant pour deux catégories de produits, à savoir les huiles végétales et les tourteaux de soja, qui sont aujourd'hui importés à 100% par notre pays", écrivent-ils dans une lettre remise au Premier ministre. Certains députés de la majorité, malgré leur soutien affiché au plan d'action, ont évoqué la nécessité de bien encadrer l'utilisation du financement non conventionnel. Des députés de la mouvance islamiste ont proposé de recourir à la finance islamique. Certains ont suggéré le changement de monnaie pour drainer l'argent de l'informel. Meziane Rabhi