Les transferts sociaux dans le budget de l'Etat prévus pour l'année 2018 enregistreraient une légère augmentation. Selon des sources du ministère des Finances, le projet de loi de finances 2018 prévoit plus de 1 700 milliards de dinars de transfert sociaux, en hausse de près de 8% par rapport au montant consacré dans la loi de finances 2017. Pour rappel, les transferts sociaux à partir du budget de l'Etat en 2017 étaient estimés à 1 630,8 milliards de dinars, représentant 8,4% du produit intérieur brut. Le Premier ministre avait assuré, à l'Assemblée populaire nationale, que le gouvernement n'envisageait pas, dans la loi de finances 2018, de renoncer à la politique de subvention actuelle, particulièrement pour ce qui est des produits de large consommation subventionnés, comme l'huile, le sucre et le lait. Il a indiqué qu'en attendant la finalisation de ce dossier au niveau des administrations publiques, qui sera suivi de consultations avec les partenaires sociaux, "l'ensemble des subventions en place sur les produits de base demeureront en vigueur". Le soutien aux familles s'établirait à 414 milliards de dinars. Ce soutien est destiné, entre autres, à la subvention des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huile alimentaire). Par leur nature même, ces subventions, si elles ne sont pas revues, "ne peuvent qu'augmenter d'année en année à mesure que le nombre de bénéficiaires ou leur consommation augmente", avait estimé l'ancien ministre des Finances, le professeur Abdelatif Benachenhou. Andrew Jewell, économiste principal au département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, dans un de ses blogs, affirme que "le système de subventions algérien ne permet pas d'aider efficacement les pauvres, crée des distorsions qui sont préjudiciables à l'économie et à l'environnement et évince d'autres dépenses importantes". Andrew Jewell relève que les subventions ont un coût élevé en Algérie, ce qui s'avère d'autant plus problématique à une période où le pays enregistre des déficits budgétaires record à la suite de la chute des cours pétroliers mondiaux. Les services du FMI estiment que les subventions ont coûté aux pouvoirs publics environ 14% du PIB en 2015, soit pratiquement autant que le déficit budgétaire lui-même et le double des budgets cumulés des ministères de la Santé et de l'Education. Les services du FMI ont recommandé à l'Algérie de supprimer par étapes l'essentiel de ses subventions généralisées et de les remplacer par un programme de transferts monétaires ciblant précisément les ménages à faible revenu. Le professeur Abdelatif Benachenhou estime, dans son livre L'Algérie, sortir de la crise, que "la remise en ordre des prix et des subventions implicites et explicites est de nature à libérer au cours des 10 prochaines années un espace budgétaire équivalent à 15% du produit intérieur brut, qui permettrait de multiplier par trois l'investissement productif, hors secteur de l'énergie". Pour M. Benachenhou, "la sortie des subventions s'impose par nécessité économique et par équité sociale". L'ancien ministre suggère dans son livre le cheminement de la réforme "simple à identifier et possible à suivre, sans toucher au pouvoir d'achat des plus démunis des Algériens". Meziane Rabhi