La visite de travail et d'inspection effectuée, hier, dans la wilaya de Tizi Ouzou, par le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, a été une opportunité pour ce dernier de rebondir sur les questions les plus brûlantes de son secteur et même de l'actualité économique du pays, à savoir l'exploitation du gaz de schiste et la modification de la loi sur les hydrocarbures. Pour défendre l'option de l'exploitation du gaz de schiste annoncée par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, lors de la présentation de son plan d'action devant l'Assemblée nationale, Mustapha Guitouni a, d'emblée, expliqué qu'il s'agit d'un impératif dicté par le niveau de consommation intérieur du gaz classique utilisé jusque-là et par les engagements extérieurs de l'Algérie. "En 2010, la consommation intérieure était de 240 000 barils par jour, et en 2017, elle est passée à 410 000 barils. Le tiers de la production nationale en gaz est consommé en Algérie, l'autre tiers est exporté parce qu'il y a des contrats et des engagements à honorer et le troisième tiers est réinjecté pour maintenir les puits en pression. On ne peut plus rester dans la situation actuelle. Il est temps de diversifier nos ressources en allant vers le solaire et le schiste. On doit reconstituer nos réserves et qu'on augmente nos capacités, car si on continue à consommer au rythme actuel, d'ici à 2023 ou 2024, tout ce qu'on va produire, on va le consommer et il ne restera rien à exporter", a argumenté le ministre de l'Energie qui s'est refusé de répondre à quelle échéance serait fixée le début d'exploitation de ce gaz non conventionnel. Sur ce point, Mustapha Guitouni s'est contenté de souligner que l'exploitation sera précédée par un travail de communication pour rassurer les Algériens sur la non-dangerosité de son extraction. "Il y a déjà plusieurs pays qui l'utilisent dont les USA, la Chine et l'Argentine. Au total, il y a 14 pays dans le monde qui sont en train de prospecter pour l'utiliser. Peut-être qu'on a manqué de communication, mais il y aura un plan de communication soutenu dans ce sens. Les techniques d'exploitation ont évolué et l'extraction en profondeur a été abandonné, et maintenant, c'est la technique de l'extraction en horizontal qui est utilisée. Si on soupçonnait que ça allait nuire à la population, on l'aurait abandonné", a-t-il d'ailleurs tenté de rassurer, avant d'insister sur l'opportunité qu'offre le recours à cette nouvelle énergie dont l'Algérie dispose, dit-il, en quantité énorme. "Géographiquement, l'Algérie est bien située, on est relié à l'Europe et il y a des problèmes géopolitiques qui mettent l'Algérie à la bonne position sauf qu'il faut qu'on augmente la production pour satisfaire les demandes que nous avons et celles qui arrivent", a-t-il encore ajouté, tout en expliquant ainsi que le contexte gazier international est loin d'être défavorable pour l'Algérie. Mais cela dit, a souligné le ministre, l'Algérie n'abandonnera pas ses projets de développement d'énergies renouvelables. "En matière d'énergie solaire, on a déjà produit 150 mégawatts, une quantité déjà fonctionnelle et qui touche 22 villages, et on continue notre programme normalement jusqu'à atteindre 4 000 mégawatts. Mais on va y aller doucement parce qu'il faut que le panneau se fasse en Algérie car le prix du panneau représente 70% de l'investissement, il faut qu'on réussisse à fabriquer le panneau en Algérie", a-t-il expliqué. S'agissant des dettes de Sonelgaz avec les entreprises, le ministre a expliqué que 27 milliards de dinars sont déjà débloqués pour payer les entreprises et une autre tranche de 15 milliards de dinars sera débloquée avant la fin de l'année. Samir LESLOUS