RESUME : Nawel se prépare à la visite de son mari. Sa sœur s'est occupée d'elle. Sa mère lui tient compagnie et tente de lui remonter le moral quand, en fin de journée, Hamid n'est pas encore arrivé. Elle lui trouve des excuses et elle espère de tout cœur qu'il viendra. Nawel est bien triste. Elle a attendu toute la journée et même une partie de la nuit. Elle a espéré sa visite. Elle est bien déçue. Mais elle oublie vite sa déception et sa peine quand elle entend son bébé pleurer. En le prenant dans ses bras, elle a conscience que si elle ne prend pas soin de lui, personne d'autre ne le fera. - Tu verras, ton père viendra. Il a seulement été retenu par son travail, lui dit-elle avant d'ajouter : ou par sa famille. La jeune mère ne se fait pas d'illusions. Elle sait qu'ils ne doivent pas avoir sauté de joie en apprenant la nouvelle. Peut-être même qu'ils ont été jusqu'à lui faire des problèmes et que c'est ce qui a retenu son mari ? Elle imagine sans peine la joie de ce dernier. Il était si heureux quand il a appris qu'elle était enceinte. Elle sait qu'il n'aurait pas raté cette visite sans raison. Pour rien au monde, il ne l'aurait reportée. Elle a beau y réfléchir, elle ne se l'explique pas. Un jour passe, puis deux, puis trois. Au quatrième, Nawel ne tient plus en place. L'inquiétude a gagné son cœur. Cela fait six jours qu'il devrait être là, auprès d'elle et de leur fils. Elle a de la peine rien qu'en le voyant pleurer, comme s'il sentait l'absence de son père. Elle devine qu'il a dû se passer des choses à la maison. Sinon, pourquoi tarde-t-il à venir ? Sa mère a remarqué sa tristesse et elle ne cesse de lui conseiller qu'elle ne doit pas allaiter son fils si elle est peinée ou en colère. - Tu ne voudrais sûrement pas qu'il lui arrive malheur, lui dit-elle, et que ta belle-famille t'accuse d'avoir fait exprès. - Jamais je ne prendrai ce risque, la rassure Nawel. Si Hamid ne vient pas, il n'aura pas la chance de connaître ce petit amour qu'est notre fils. Moi, je ferai tout pour lui, pour son bonheur. - Parfois, la vie est si dure qu'elle ne nous laisse pas le choix. C'est vrai, reconnaît Keltoum, qu'une mère doit tout faire pour le bonheur de ses enfants. Mais dans ta situation… - Je ne veux rien entendre maman. Hamid viendra, je le sais. Il donnera une grande fête pour marquer la naissance de notre enfant, insiste la jeune femme. Je sais qu'il tarde à se montrer. Quelqu'un ou quelque chose l'empêche. Mais il viendra, aujourd'hui ou demain. J'ignore quand mais ce dont je suis sûre, c'est que je me fais du souci, pour rien. Il ne nous abandonnera pas maintenant. Je ne suis plus seule. - Pourtant, il ne semble pas se le rappeler, rétorque Keltoum. Je te préviens, je ne vais pas attendre que la mémoire lui revienne. Je lui laisse deux ou trois jours pour se manifester. Je lui souhaite d'avoir une excuse valable. - Je suis sûre et certaine qu'il a un bon prétexte, insiste Nawel. Et elle ne se trompe pas. Hamid a un bon prétexte pour excuser son absence. Keltoum s'en rendra compte en appelant à son travail, le lendemain. - Il ne travaille pas ! Depuis quand ? demande-t-elle au collègue de Hamid. - Depuis la mort de son père, lui apprend-il. - Son père est mort ! s'écrie Keltoum. Depuis quand ? - Une semaine… Cela fait une semaine qu'ils l'attendent. Keltoum comprend enfin la raison qui le retenait loin de sa famille. Elle se sent un peu mieux, rassurée quant à l'avenir de sa fille et de son bébé. Il allait venir un jour ou l'autre… (À suivre ) A. K. [email protected]