Après s'être assuré que Sylvio Berlusconi bénéficiait toujours d'une majorité au Parlement pour gouverner, Carlo Azeglio Ciampi, le président italien a reconduit le président du Conseil des ministres dans ses fonctions. Le patron de l'Alliance nationale, Gianfranco Fini, à l'origine de la chute du cabinet ministériel, a fini par convaincre Ciampi de renouveler sa confiance à Berlusconi. Il s'avère, en fin de compte, que la démission n'était en fait qu'une manœuvre politicienne visant à gagner du temps afin d'éviter des législatives anticipées, que remporterait haut la main l'opposition du centre-gauche dirigée par l'ancien président de la Commission européenne, Romano Prodi, si le scrutin se déroulait maintenant. En effet, la récente défaite aux régionales des 3 et 4 avril derniers, qui a fait perdre à la coalition au pouvoir la majeure partie de ses assemblées régionales, semble avoir donné à réfléchir à l'Alliance du centre. Ecartant de leur cercle les centristes de Marco Follini, le Chef du gouvernement italien et ses alliés ont usé de ce stratagème politique pour former un nouveau gouvernement, basé sur un programme politique modifié, qui permettrait de tirer les conclusions du précédent échec électoral pour mieux rebondir et éviter un autre fiasco à court terme. Tout a été minutieusement préparé, comme l'indique l'annonce rapide, hier, de la nouvelle formation gouvernementale par Sylvio Berlusconi. Certes, il y a accord sur la forme entre les partis composant l'alliance, mais il n'en demeure pas moins que les divergences sont profondes sur de nombreuses questions. Le fait que tous les indicateurs de l'économie italienne soient au rouge constitue le talon d'Achille de cette coalition à laquelle les analystes n'accordent que peu de crédit. Ce sera un gouvernement “faible, instable et peu productif”, a écrit le quotidien turinois à très grand tirage, La Stampa, au sujet du prochain cabinet. Du côté de l'opposition, les mises en garde contre ces manœuvres politiciennes n'ont pas manqué. “Il est impensable que les problèmes puissent être résolus par un gouvernement identique ou semblable au précédent ou par tout gouvernement qui ne serait pas fondé sur la volonté populaire”, avait prévenu, jeudi, en vain, Romano Prodi. K. A.