Les nationalistes corses ont saisi hier le gouvernement français pour demander l'ouverture de "discussions" avec Paris en vue d'une plus grande autonomie pour l'île, au lendemain de leur victoire au premier tour des élections régionales en France. Avec 45,36% des voix, leur liste commune baptisée Pè a Corsica (Pour la Corse) a largement devancé la droite régionaliste (14,97%), le parti de droite Les Républicains (12,77%) et la liste du parti présidentiel d'Emmanuel Macron, La République en Marche (11,26%). Le deuxième tour dimanche prochain est largement promis aux nationalistes, qui n'étaient encore jamais apparus aussi forts dans les urnes, avec pour seul bémol un faible taux de participation (52,17%). Forts de ce plébiscite, ils excluent l'indépendance de l'île dans l'immédiat, selon les déclarations hier sur radio France Inter de Jean-Guy Talamoni, un leader indépendantiste. "Nous ne sommes pas dans la même séquence que la Catalogne", où les indépendantistes veulent définitivement rompre les amarres avec Madrid, "mais nous travaillons pour l'émancipation de la Corse", a-t-il affirmé. Reconnaissant que "l'idée indépendantiste est toujours minoritaire", il a souligné que "si les Corses le veulent dans 10 ou 15 ans, personne ne pourra s'y opposer". "C'est un raz-de-marée démocratique", a réagi de son côté Gilles Simeoni, qui a souhaité que "Paris accepte enfin d'ouvrir le dialogue". Autonomistes et indépendantistes corses réclament l'obtention d'un véritable statut d'autonomie dans les trois ans et sa mise en œuvre effective dans les dix ans. Ils demandent aussi la co-officialité de la langue corse, la reconnaissance du statut de résidents corses et l'amnistie pour les "prisonniers politiques". Rappelons que cette île a retrouvé un semblant de stabilité après des décennies marquées par plus de 4500 attentats revendiqués par le Front de libération nationale de la Corse (FLNC). Ce dernier avait annoncé en juin 2014 le dépôt des armes afin de favoriser une évolution politique en Corse. Merzak T.