Alors que des milliers de policiers et gendarmes sécurisaient en France les lieux de cultes chrétien et musulman pour les fêtes de Noël et du Mawlid Ennabaoui, des manifestants s'en sont pris à une salle de prière musulmane à Ajaccio. La phrase de Laurent Marchangeli, maire d'Ajaccio, donne à réfléchir : «Depuis plusieurs mois, je sentais la tension monter. Il en fallait très peu pour déclencher ces événements.» Le climat violent qui s'est abattu à Ajaccio sur le quartier les Jardins de l'empereur, vendredi jour de Noël, s'il ne doit donc rien au hasard, est inquiétant. En représailles à une agression qui a eu lieu la veille contre un policier et deux pompiers, des manifestants ont choisi de s'en prendre aux musulmans avec un discours xénophobe et raciste haineux. Malgré quelques manifestants qui appelaient à ne pas commettre l'irréparable, ils ont saccagé des voitures, cassé les portes en fer d'une salle de prière musulmane et commencé à brûler des livres, dont le Coran, pour incendier le lieu, ce qui a été évité de justesse. Les meneurs de cette expédition punitive voulaient ensuite diriger le groupe vers un autre lieu de culte musulman, selon Corse Matin. Sur la radio France Info, le nouveau président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni (indépendantiste, parti Corsica libera), parle d'acte «inqualifiable sur une terre qui a institué la tolérance religieuse depuis le XVIIIe siècle». Le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni (nationaliste, parti Inseme per a Corsica), a, quant à lui, qualifié ces agissements de «totalement contraires à la Corse que nous voulons construire». A Paris, le gouvernement a condamné cet acte. Hélas, le slogan «Les Arabes dehors» (arabi fora) ne date pas de ces événements. Les indépendantistes et nationalistes aux manettes politiques de la direction de l'île auront, sans doute fort à faire pour que cela ne se reproduise pas, avec sur son extrême un Front national qui a été crédité de 9% des suffrages aux dernières régionales.