La polémique qui a suivi la promulgation de la charte sur le patrimoine public a levé un pan de voile sur la gestion du secteur public. Au cours de la tripartite organisée la semaine dernière par le FLN, des déclarations ont mis à nu l'état du secteur public, infirmant les affirmations précédentes selon lesquelles le secteur étatique se porte bien. Sidi-Saïd, le secrétaire général de la Centrale centrale, a souligné que l'ouverture du capital des entreprises publiques, objet de la charte partenariat public-privé avait pour objectif de sauver et de préserver le secteur public. Il a indiqué que 80 milliards de dollars ont été dépensés pour renflouer les entreprises publiques et pour financer leur plan d'investissement. Ali Haddad, le président du FCE, lui, a affirmé, au cours de cette rencontre, que les entreprises publiques concernées par les ouvertures de capital sont des PME déstructurées. En somme, en dépit des 80 milliards de dollars injectés, une bonne partie des entreprises publics est en mauvaise santé financière. Ce qui montre que la politique d'assainissement des entreprises publiques s'avère un échec tant dans son approche que dans sa mise en œuvre. Un véritable gaspillage de l'argent public. Le fond du problème du secteur public reste des difficultés de management et de choix de dirigeants d'EPE qui, souvent, s'effectuent sur des bases politiques, claniques, et non sur les critères de compétence, d'expérience de gestion et d'intégrité. Le sauvetage du secteur public repose beaucoup plus sur une nouvelle organisation, un meilleur plan de rémunération des compétences, ainsi qu'une politique des salaires et avantages liée aux résultats. Tout cela devient plus difficile. La situation financière du pays contraint, en effet, à l'abandon de nouveaux plans d'assainissement de ces entreprises. La solution pour le gouvernement et ses partenaires de la tripartite s'avère être les privatisations. Mais on peut se demander si elles peuvent réussir et si ces entreprises publiques peuvent être reprises au regard de leur situation financière. En tout état de cause, le mode de privatisation contenu dans la charte partenariat public-privé s'avère complexe. Le processus demande du temps. En premier lieu, promulguer le texte de loi qui encadre ces partenariats public-privé demandera quelques mois. Idem pour le choix des repreneurs, de l'évaluation des actions des entreprises publiques touchées, de la validation de ces choix de repreneurs en entreprise et par le CPE. Tout cela demande à notre avis plus d'un an. On sera alors à la veille ou en pleine campagne présidentielle, donc une période propice en plein gel des décisions de privatisation. À moins qu'on privilégie le gré à gré. Là, va se poser un véritable problème de transparence. Et si ces opérations se déroulent dans l'opacité, il est clair que cela soulèvera des soupçons de bradage et de détournement des privatisations au profit des oligarques. K. Remouche