Pour l'Association nationale des parents d'élèves, la grève annoncée du Cnapeste "n'est pas innocente", tandis que pour ce syndicat, "la manipulation" est à chercher du côté de l'association elle-même. Le mouvement de protestation engagé par le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) à Blida et à Béjaïa est en train de prendre une dimension nationale avec la décision du syndicat d'aller vers une grève nationale illimitée à compter du 30 janvier prochain, faisant sortir ainsi de sa réserve l'Association nationale des parents d'élèves (ANPE) qui escompte saisir la justice, pour faire respecter le droit constitutionnel des élèves à la scolarité. Le spectre d'une année blanche qui se profile à l'horizon a fait sortir de ses gonds Khaled Ahmed, le président de l'ANPE, pour lequel le mot d'ordre de grève lancé par le Cnapeste est "illégal, illégitime et anticonstitutionnel, voire immoral". Contacté hier, Khaled Ahmed a expliqué ces propos par le fait que "nos enfants sont privés de scolarité pour des prétextes futiles". "Engager une grève au moment des compositions et des résultats du premier trimestre est un crime", a-t-il indiqué, en rappelant qu'"au 28 janvier qui marquera la fin du deadline donné aux enseignants grévistes pour rejoindre leur poste, le verdict de la justice sera appliqué". Aussi, le président de l'ANPE a fait état de la décision du bureau de l'Association de saisir le tribunal administratif pour faire arrêter cette grève, indiquant qu'un délai a été accordé jusqu'au 30 janvier à la partie gréviste pour se ressaisir, avant d'engager la procédure judiciaire. La plainte, rédigée par un avocat, serait déjà prête. En tout état de cause, Khaled Ahmed n'a pas laissé de place au mystère dans sa démarche qui, dit-il, s'inscrit dans l'intérêt de l'élève et du pays, puisqu'il invoquera la conjoncture pour se laisser aller à des accusations du genre : "Cette grève n'est pas innocente." La montée au créneau de l'ANPE fait suite à celle du Cnapeste dont le conseil national, réuni le 20 janvier dernier avec pour ordre du jour les problèmes qui sont survenus récemment dans plusieurs wilayas, notamment Béjaïa, Blida, Tizi Ouzou, Skikda et Ghardaïa, a abouti à la décision d'observer une grève nationale à partir du 30 janvier 2018, apprend-on auprès de Messaoud Boudiba, porte-parole de ce syndicat. Ce dernier a précisé qu'un préavis de grève de huit jours a été déposé, comme le stipule la loi, avant-hier dimanche, auprès du ministère de tutelle. Hormis le règlement des problèmes en suspens dans les wilayas de Blida et de Béjaïa, les raisons de cette grève sont à rechercher dans "le non-respect et la non-mise en œuvre des engagements et des promesses consignés dans les procès-verbaux convenus entre les directions de l'éducation et les bureaux du syndicat, ainsi que les revendications dont certaines datent de 2015 qui n'ont pas été concrétisées". Mais, selon lui, "ce sont surtout les décisions du ministère de procéder à des défalcations sur salaires et au remplacement des enseignants grévistes qui ont jeté de l'huile sur le feu". Cette décision du Cnapeste de durcir et élargir son mouvement, fait suite à des assemblées générales au niveau des établissements scolaires. M. Boudiba a ajouté que les mesures prises par le ministère ont poussé certains bureaux de wilayas à opter pour la grève illimitée, notant avec dépit l'entrée en jeu de l'Association des parents d'élèves. "Les responsables de l'ANPE n'ont pas respecté leurs prérogatives", a-t-il affirmé avant de conclure que ces "manipulations" ne font que contribuer au pourrissement, en réclamant "des négociations solides". A. R. [email protected]