Résumé : Razika ne voit pas encore Yasmina la quitter pour se marier. Elle aimerait bien la voir chez elle et heureuse, mais pas trop loin. Mais avant tout, le dernier mot lui revient. Razika devient pensive tout d'un coup avant de demander : -Je ne comprends pas. Mouhoub, ton neveu, veut épouser Yasmina. Mais l'a-t-il déjà vue ? Malika sourit. -Mais bien sûr. Ils se sont rencontrés au seuil de la porte, la dernière fois, où elle est venue chez moi. -Oh mon Dieu, si son père venait à l'apprendre ! -S'il te plaît, arrête avec toutes ces appréhensions qui n'ont pas de fondement. Ces jeunes gens n'ont rien fait de mal. Et vois-tu, comme Mouhoub est attiré par ta fille, il n'a pas hésité à m'en parler le jour même. Yasmina revient et sert le café, avant de s'asseoir près de sa mère. Elle trouve les deux femmes bien silencieuses et se demande de quoi elles avaient discuté. Mais quelque chose en elle lui disait qu'il y avait anguille sous roche. Le regard triste de sa mère ne lui avait pas échappé. Après le départ de sa voisine, Razika, ne sachant par quel bout commencer, se met à tourner en rond. Elle traverse toutes les pièces du rez de chaussée, puis remonte sur la terrasse, et enfin redescend au jardin pour aspirer une longue bouffée d'air, avant de revenir vers sa fille. Elle avait une boule sur l'estomac, et une migraine qui menaçait de l'anéantir. Yasmina avait pris un livre et s'était réfugiée dans sa chambre. Razika la rejoint et lui entoure les épaules. -Oh Yasmina, ma fille ! Des larmes coulaient sur ses joues, et la jeune fille dépose son livre pour regarder sa mère. -Que se passe-t-il, maman ? Quelqu'un est malade ? Sa mère lui fait un signe de négation. -En fait, c'est moi qui suis malade. Yasmina, oh Yasmina ! Je n'aimerais pas que tu partes aussi loin. Intriguée, la jeune fille touche le front de sa mère. -Tu vas bien, maman ? Razika renifle plusieurs fois puis se mouche et s'essuie les yeux avant de répondre : -Vois-tu, ma fille, il y a des moments dans la vie où des décisions importantes devraient être prises. -Oui, je le sais. -Eh bien voilà, tu dois prendre une importante décision aujourd'hui, Yasmina. Il est écrit que tu dois me quitter pour te marier et fonder un foyer. Yasmina se redresse sur son lit. -Que racontes-tu là, maman ? -Eh bien, quelqu'un veut demander ta main. -Quelqu'un ? Qui est-ce ? -Un homme bien en tous points. -Qui est cet homme, maman ? Le connais-tu ? -Non. J'avoue que... -Tu connais mon opinion sur les hommes. Tu sais bien que je refuse d'épouser un homme qui n'est pas instruit, et si mon père m'y contraint je saurai quoi faire. -Que vas-tu faire, petite malheureuse ? -Je saurai quoi faire. Mieux vaut mourir que vivre avec un homme que je ne pourrai ni aimer ni respecter. Razika se frappe la poitrine. -Que Dieu nous préserve de tous ces malheurs, ma fille. Non. Tu n'auras rien à faire, car l'homme qui veut demander ta main est fort instruit. Mais il y a un inconvénient. Elle se tut et regarde sa fille qui la dévorait des yeux. -Il habite loin d'ici. Elle marque un temps d'arrêt et attend la réaction de sa fille, mais comme cette dernière ne disait rien, elle poursuit : -Il habite de l'autre côté de la mer. -Tu veux dire en France ? Razika hoche la tête et se remet à pleurer. -Oui. C'est le neveu de Malika. Il veut t'épouser et t'emmener vivre avec lui à Marseille. La neveu de Malika ? Yasmina sentit un vertige, puis une bouffée de chaleur s'emparer de tout son corps. Le neveu de Malika. Est-ce... Des idées s'embrouillèrent dans son esprit. Elle pâlit et sa mère s'inquiète. -Qu'as-tu, Yasmina ? Tu ne te sens pas bien, ma fille ? (À SUIVRE) Y. H.