Ce prénom féminin nous vient de l'antiquité. Il est d'origine latine et signifie "sauvé". C'est le nom d'une princesse maure, petite-fille de Nubel, souverain qui avait une résidence dans le col des Beni Aïcha, actuelle Thénia, dans la wilaya de Boumerdès. Elle était également la fille de Gildon, donc la nièce de Firmus, de Mazuca, de Sammac et Mascezel, fils de Nubel. Si Gildon et Sammac étaient alliés des Romains et le restèrent après l'insurrection de Firmus, Mazuca et Mascezel prirent part à la rébellion, puis Mascezel s'en détacha et rejoignit son frère Gildon, dans le camp des Romains. En devenant comte d'Afrique, Gildon accrut encore sa puissance en accordant la main de sa fille Salvina à Nébridius, neveu de l'impératrice Flacilla, femme de Théodose. C'est Théodose lui-même qui avait poussé à ce mariage : il voulait, sans doute, en contractant cette alliance, s'assurer la fidélité de Gildon. Sa fille devenait une sorte de gage, voire un "otage" entre les mains du Romain. Dans ses lettres, saint Jérôme, qui l'encouragea à préserver son veuvage (tome 4, lettre 4 et tome 7, lettre 123), la décrit comme une "noble femme". Gildon était fidèle aux Romains, mais il mena parallèlement des actions contraires aux intérêts de l'Empire, il se détacha encore plus des Romains à la mort de Théodose, en refusant d'envoyer, à son fils Honorius, le tribut qui lui était dû. Rome finit par lui déclarer la guerre et il fut vaincu. Salvina, elle, resta dans la cour et bénéficia de la mansuétude de l'empereur Honorius. On apprend encore par saint Jérôme que la mère de Salvina, c'est-à-dire l'épouse de Gildon, vivait avec elle à la cour impériale de Constantinople ainsi qu'une sœur de son père qui s'était voué à une virginité perpétuelle. Ces femmes sont décrites comme des saintes femmes, des chrétiennes ferventes. Nébridus mourut assez tôt et laissa à Salvina deux enfants, un garçon, qui portait le même nom que son père, et une fille que l'empereur choya. Salvina se distingua par la suite en s'attachant à saint Jean Chrysostome et en le soutenant. Quand ce dernier fut contraint de quitter Constantinople, le 20 juin 404 pour prendre le chemin de l'exil, il appela au baptistère de son église quelques nobles femmes, parmi lesquelles Salvina. C'était pour elle le plus grand hommage qu'on pouvait lui rendre. M. A. Haddadou [email protected]