L'information est loin d'être anodine: l'ex président français, Nicolas Sarkozy est en garde à vue depuis ce mardi matin. Les médias internationaux se sont relayés pour annoncer ce nouveau rebondissement dans l'affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007. L'ombre de Mouamar Kadhafi plane toujours sur la vie de l'ex maire de Neuilly. Sept ans après sa disparition il continue de faire bousculer son pays et l'Hexagone. Les millions de Kadhafi ont permis à Sarkozy de devenir président, un statut avec lequel le français a attaqué la Libye en 2011 et qui a engendré l'assassinat du guide de la Jamahiriya. Seif E Islam avait menacé et Edwy n'a pas lâché Coïncidence du calendrier ou pas, le lendemain de l'annonce de la candidature de Seif El Islam Kadhafi à l'élection présidentielle libyenne, l'ex-président français, Nicolas Sarkozy, est mis en garde à vue. En mars 2011, Seif EL Islem Kadhafi menaçait Sarkozy de tout dévoiler sur l'argent libyen que le président français avait reçu L'information est de taille.Elle est multicéphale. C'est entre autres la victoire du journalisme d'investigation prônée par le pure-player français Mediapart sous la direction de l'atypique Edwy Plenel. C'est par ce journal électronique que tout a commencé. C'était en 2012 avec la publication d'une enquête sur un financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. La page d'accueil de Mediapart ce mardi 20 mars 2018
Quête de justice... Le nouveau rebondissement de cette affaire libyenne vient également donner un argument de force pour tous ceux qui accusent Nicolas Sarkozy, depuis 2011, de crimes de guerre contre la Libye. Voilà que l'histoire retiendra que le président français a attaqué un pays et anéanti un pouvoir (avec à la clé un assassinat mystérieux de Mouamar Kadhafi), juste (selon toute vraisemblance) pour effacer toute trace Un procès devient même une nécessité de salubrité politique internationale. L'attaque contre la Libye dirigée par Sarkozy sous la bannière de l'OTAN a engendré une situation chaotique touchant plusieurs régions du monde. La guerre privée lancée par l'ex-président français avait ouvert la boite à pandore. L'anéantissement de l'Etat libyen (même s'il y a tout un débat sur l'assise de la Jamahiriya) a « accouché » d'un pays démembré, régi par des groupes armés, et un quotidien rimant avec insécurité et misère. La guerre sur la Libye a engendré également l'instabilité chronique dans la région du Sahel, la création du groupe terroriste Daech à Syrte (entre autres), la naissance du terrorisme en Tunisie, l'esclavagisme, et bien d'autres « maux » aux conséquences illimités. Evidement l'Algérie ne pouvait pas être épargnée par l'escalade. Avec ses 982 kilomètres de frontières communes la porosité de ces dernières (du côté libyen) n'a pas tardé à être confirmée. L'attaque terroriste de janvier 2013 contre le complexe gazier de Tiguentourine (wilaya d'Illizi) reste toujours dans les mémoires. Au bout beaucoup de sang a coulé, et tellement de dégâts dans plusieurs pays. Les dessous de l'attaque de 2011 contre la Libye n'ont pas encore tout dévoilé. D'autres rebondissements sont attendus. La justice divine met la pression sur Sarkozy chez lui pour une affaire d'argent. Ira-t-elle jusqu'à le faire comparaître devant la CPI (Cour Pénale Internationale) de La Haye pour la guerre sur la Libye et également pour le sort réservé à l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo (qui est d'ailleurs détenu dans les prisons de la CPI) ? Juqu'à maintenant les présidents africains ont été des "cibles" trop faciles pour une "communauté internationale" si prompte à détourner les yeux quand ça concerne les attaques américains sur l'Irak, celles de l'entité sioniste sur les palestiniens, ou encore celles de l'Arabie Saoudite contre le pauvre Yémen. Contre la dictature du court terme Cette histoire franco-libyenne aux conséquences internationales vient ainsi conforter le journalisme d'investigation. Le travail effectué par le duo de Mediapart: Fabrice Arfi et Karl Laske depuis 2012, et malgré les nombreuses embûches, continu de donner ses fruits. En six ans d'enquête et d'articles beaucoup de choses se sont passés, avec des disparitions, des morts suspectes, des arrestations (dont celle du fantasque intermédiaire franco-algérien, Ahmed Djouhri, arrêté le 8 janvier dernier à Londres) et des tentatives d'assassinats (dont la dernière est celle de Béchir Saleh, ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, blessé par balles le 23 février dernier en Afrique du Sud, pays dans lequel il se "cache" depuis plusieurs années). D'ailleurs une synthèse de leurs travail a été englobée dans l'ouvrage « Avec les compliments du Guide » (octobre 2017, éditions Fayard) et le contenu est édifiant sur les tentacules de cette histoire édifiante sur le règne du non-droit et des donneurs de leçons.
Ce journalisme si décrié par les médias endormants-endormis vient redonner ces lettres de noblesse à un métier si malmené ces derniers temps. L'enquête sur l'argent libyen dans la campagne électorale française de Sarkozy en 2007 est surtout une victoire sur cette dictature du court-terme, véritable maladie de la presse (print et digitale). L'enquête journalistique, la vraie, a besoin de temps, de nombreuses sources, de confirmer les informations, de contextualiser et de faits. C'est une excellente arme contre les Fake news dont sont victimes les addicts aux réseaux sociaux et aux médias mainstream. Tout est en relation avec le professionnalisme des journalistes. Peu importe le support, print ou digital, c'est le contenu qui permet au lecteur d'avoir l'information à travers laquelle il aura cette liberté de décider en toute conscience. Voilà un fait qu'aucune Fake news ne pourra vaciller.