Il s'agit là d'un personnage de l'histoire de l'Algérie antique, Sammac, fils de Nubel, un chef maure qui possédait une forteresse dans le col des Beni Aïcha(Tizi Nat Aïcha, actuelle Thénia, à Boumerdès). L'historien latin qui le mentionne, Ammien Marcelin, le cite sous deux formes, Zammac et Salmaces, ce qui suppose une forme Sammac, attestée à Altava (aujourd'hui Ouled Mimoun, à Tlemcen) et au Moyen Âge sous la forme Samgan, Semgu. Nous rapportons ce nom à un mot chleuh ismeg "noir, esclave'', semblable à Akli, au propre "esclave'' pour conjurer le mauvais sort, ou à son équivalent arabe Lossif "esclave'', employés aussi comme prénoms. Ce fils de Nubel possédait un fundus ("château''), appelé Pétra, au lieudit M'lakou, près d'Ighzer Amokrane sur la rive gauche de l'oued Sahel, au sud-ouest de Tiklat (Gsell, idem, p. 22). Petra devait être un établissement important, puisque Ammien Marcellin écrit "qu'il avait presque les proportions d'une ville''. Une inscription dite "inscription de Sammac'', trouvée à M'lakou, confirme l'allégeance du prince maure aux Romains. Quand Nubel mourut, un différend éclata entre Sammac, allié au comte d'Afrique, Romulus et Firmus. Ce dernier le tua. Romulus intrigua si bien à la cour qu'il parvint à empêcher Firmus de défendre sa cause. Celui-ci se révolta. On a supposé, en se fondant sur le passage d'Ammien Marcellin qui indique que Nubel avait plusieurs fils de ses épouses comme de ses concubines, que Sammac, fils d'une concubine, n'avait pas droit à l'héritage paternel. Il voulut alors compenser le handicap de sa naissance, en se taillant une principauté à Pétra (act. M'lakou, à Béjaïa) et se mettant sous la protection du comte d'Afrique. En cherchant à présenter sa défense devant la cour, Firmus voulait sans doute invoquer le ius gentis, la loi tribale. On a encore supposé que c'est Sammac qui avait le premier désobéi à la loi tribale en usurpant une part de l'héritage et si Firmus l'avait mis à mort ce n'était pas un meurtre mais plutôt une exécution. Mais l'hypothèse contraire a été envisagée : c'est Sammac qui serait l'héritier légitime, ainsi que le laisse supposer l'inscription qui lui confère le pouvoir de faire régner la paix, succédant ainsi à son père. Firmus serait le fils d'une concubine et en tuant Sammac, il élimina un rival. On se demande alors pourquoi les frères et la sœur de Firmus se mirent de son côté et non de celui de Sammac. M. A. Haddadou [email protected]