Sur les 8,5 millions d'hectares que compte la surface agricole utile (SAU) du pays, 3,1 millions d'hectares, soit 36%, ne sont pas exploités. Cette superficie non cultivée englobe les terres agricoles privées et celles relevant du domaine privé de l'Etat. Ces espaces agricoles n'ont pas été travaillés pour divers problèmes liés, entre autres, aux exploitants eux-mêmes, au mode d'exploitation, à la nature des projets envisagés... Cela dit, si elle n'est pas exploitée, une telle surface dégagée, pourtant, au profit du secteur de l'agriculture, engendrera de lourdes conséquences sur la production nationale et le rendement agricole. "L'inexploitation de ces terres est une infraction à la réglementation, notamment la loi relative au foncier agricole, et donc passible de sanctions", a expliqué le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazghi. Depuis 1983, quelque 130 600 exploitants agricoles ont, selon lui, bénéficié de 841 000 ha dans le cadre de la loi n°83-18 du 13 août 1983 relative à l'accession à la propriété foncière agricole. Sur l'ensemble des bénéficiaires, seuls 30 377 ont effectué la mise en valeur de ces terres tel qu'exigé au préalable, soit un total de 191 000 ha. Les commissions au niveau des wilayas ont attribué 150 000 ha à 26 000 autres investisseurs. Depuis la date de la promulgation de cette loi, a affirmé le ministre, il reste encore 500 000 ha non mis en valeur par leurs bénéficiaires. Ce sont des terres inexploitées et qui ne sont pas encore récupérées par l'Etat. De 2011 à 2018, près de 20 000 exploitants ont bénéficié d'une superficie totale de 835 000 ha. De cette surface, 520 000 ha ont été attribués à 1 533 exploitants. Chacun de ces opérateurs a bénéficié de vastes parcelles allant de 100 ou 200 ha jusqu'à 10 000, voire 25 000 ha. Globalement, les exploitants de 210 000 ha se sont installés sur leurs exploitations. Les attributaires de quelque 100 000 ha ont d'ores et déjà entamé leurs projets. "Des 850 000 ha accordés, 100 000 ha sont entrés en production", a indiqué, hier, M. Bouazghi au cours de la réunion de la commission de l'agriculture du Sénat. "Ces investisseurs doivent, cependant, réaliser des projets pour une production agricole stratégique, comme la céréaliculture, l'arboriculture, la plasticulture...", a-t-il souligné. Abdelkader Bouazghi a également précisé que son département a pu récupérer quelque 300 000 ha de terres inexploitées. "Nous allons récupérer tout mètre carré inexploité dans les plus brefs délais", a-t-il averti. Par ailleurs, il a évoqué l'état d'abandon qui a caractérisé les 174 fermes-pilotes projetées à l'échelle nationale. "Ces fermes ont obtenu les meilleures terres, mais demeurent abandonnées avec une situation financière déficitaire, des équipements détériorés...", a-t-il relevé. Néanmoins, ces unités ont été reprises grâce à des partenariats avec le privé qui assure plus de 66% de leur financement avec des montants estimés à 800 milliards de centimes. Ces fermes sont aujourd'hui rentables et emploient des centaines de personnes. Il reste, toutefois, 126 fermes, soit 135 000 ha qui cherchent des investisseurs. B. K.