À la mi-septembre 2017, Ahmed Ouyahia réunissait les quatre partis que sont le FLN, le RND, le MPA et TAJ pour donner l'illusion d'une coalition gouvernementale. La scène politique nationale a enregistré, avant-hier, samedi, les sorties publiques de quatre partis connus comme étant des alliés traditionnels du président Abdelaziz Bouteflika. Il s'agit du Front de libération nationale (FLN) et du Rassemblement national démocratique (RND), qui ont réuni, chacun de son côté, leurs cadres-militants respectifs à Oran, ainsi que du Mouvement populaire algérien (MPA), qui a tenu une session ordinaire de son conseil national à Alger, et de Tadjamou Amel El-Djazaïr (TAJ), dont le président a animé un meeting à Guelma. Fait marquant : les discours politiques des quatre partis, censés plaider une cause commune, à savoir l'appui au gouvernement, ont été nettement désaccordés. Plus encore, les déclarations de Djamel Ould Abbes, de Seddik Chihab, d'Amara Benyounès et d'Amar Ghoul ont affiché une distanciation remarquable, voire des prises de positions hostiles, les uns à l'égard des autres. D'abord, le président du MPA, qui ouvre deux fronts en qualifiant l'opération portant bilan des quatre mandatures d'Abdelaziz Bouteflika, menée par le FLN, de "surenchère politique", et en critiquant l'action du gouvernement, allant jusqu'à remettre en cause un certain nombre de mesures économiques chères au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, notamment la restriction des importations et le montage automobile. Ensuite, Amar Ghoul, qui, après avoir tout récemment entrepris de faire la promotion du cinquième mandat, a fait, cette fois-ci, complètement l'impasse sur la question, préférant fixer au gouvernement des "lignes rouges à ne pas franchir" s'agissant du foncier agricole. Un dossier qui ne manquera pas de susciter des débats houleux au Parlement, avec l'ouverture des concessions agricoles aux étrangers prévue dans l'avant-projet de loi de finances complémentaire 2018. Mais il y a eu surtout cette sortie de Djamel Ould Abbes qui jure par tous les martyrs de la Révolution que "le prochain Président sera du FLN", c'est-à-dire Abdelaziz Bouteflika, pendant que Seddik Chihab affirme que "le cinquième mandat n'est pas encore tranché", donc pas très évident. Le porte-parole du parti du Premier ministre dit mieux d'ailleurs : si Bouteflika venait à se représenter, ce serait un "acte sacrificiel". Il faut admettre que, dans ce cas de figure, nous sommes loin de la démonstration des "forces alliées", lorsqu'Ahmed Ouyahia, un mois après sa prise de fonction au Palais Dr Saâdane, à la mi-septembre 2017, réunissait les quatre partis de la majorité, pour faire bloc contre l'opposition, et donner l'illusion d'une coalition gouvernementale. À peine huit mois après, de l'image d'un pouvoir soudé que cette rencontre était censée refléter, il ne subsiste plus que quelques clichés déchiquetés, les uns faisant de l'ombre aux autres, quand il ne s'agit pas de gêner carrément l'action de l'allié politique. Une chose est certaine, à mesure que l'échéance présidentielle de 2019 approche, et avec toutes les contraintes "techniques" que suppose un cinquième mandat visiblement non encore tranché, les soutiens traditionnels d'Abdelaziz Bouteflika ont tendance à se disperser. Mehdi Mehenni