Sur les réseaux sociaux, les réactions de dénonciation s'enchaînent. Des chaînes de télévision proposent, pour les soirées du Ramadhan, des caméras cachées violentes. L'épisode Rachid Boudjedra de l'an dernier, où l'écrivain a été tout simplement humilié, ne semble pas avoir servi de leçon. Le large mouvement de dénonciation et de soutien à la victime n'a pas également servi à grand-chose. Des chaînes de télévision récidivent, cette année, d'une autre manière, et diffusent des programmes où les scènes de violence sont encore plus violentes. Diffusées à quelques instants de la rupture du jeûne, ces programmes, qui bénéficient d'un large audimat, versent, comme à l'accoutumée, dans un mélange de violence, d'insultes, de brutalité, mais aussi dans l'amateurisme et la manipulation. Sur la quasi-majorité des chaînes, l'Unique comprise, le téléspectateur est convié à voir des scènes d'une violence inouïe. Passe sur les mises en scène qui sont de qualité on ne peut plus médiocres. Sans aucune imagination, comparativement à ce qui se fait ailleurs, les caméras cachées tournées et servies cette année ressemblent, à ne pas s'y méprendre, à des mises en scène qui visent à plutôt provoquer des réactions violentes qu'à susciter le rire et offrir un moment de détente pour un public éreinté par une longue journée de jeûne. Les dénonciations n'ont pas attendu longtemps pour surgir. Sur les réseaux sociaux, les internautes sont unanimes à dénoncer des programmes "répugnants" et des procédés "vils". La campagne menée sur les réseaux sociaux, notamment contre cette émission qui invite des couples pour faire subir notamment à l'épouse l'amertume de la trahison conjugale, a fait réagir le ministre de la Communication, qui a déploré le fait que "les chaînes de télévision privées ont tendance à diffuser des programmes basés sur la violence", estimant que "cette situation relève d'un manque de créativité de la part de ces chaînes". Le ministre considère, à ce propos, qu'elles "ne sont pas représentatives de la société algérienne". Mais face à ce énième dérapage de la part de ces télévisions, l'institution censée les rappeler à l'ordre semble se complaire dans un silence qui renseigne, d'abord, sur l'opportunité de sa mise sur pied, et ensuite, sur sa véritable autorité. En effet, l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) n'a pas jugé opportun de mettre le holà à ces chaînes, surtout que le téléspectateur était le premier à dénoncer des dérapages. L'Autorité que préside Zouaoui Benhamadi, absente depuis plusieurs mois, n'a même pas diffusé un communiqué de rappel à l'ordre, comme elle le faisait sous la présidence du défunt Miloud Chorfi. Cette Autorité, dont le rôle devait être le "gendarme" de l'audiovisuel, reste sans réaction, comme si elle n'était pas concernée. Mohamed Mouloudj