De quoi l'Autorité de régulation de l'audiovisuelle est-elle le nom ? Pour bizarre qu'elle puisse paraître, cette question n'en coule pas moins de source. Oui, en effet, où est l'ARAV et que fait-elle exactement si ce n'est pas réguler le champ audiovisuel national conformément à sa mission originelle ? Ce week-end, on a plutôt dressé un constat de carence. D'une insoutenable absence. L'Autorité n'a pas été exercée, et c'est dommage ! Ce fut presque une non-assistance à acteurs et téléspectateurs en danger devant ces horribles scènes et mises en scène qui, pour certaines, s'apparentent à une mise à mort. Au propre comme au figuré. De l'éphémère ministre du tourisme Messaoud Benagoun, à Rachid Boudjedra en passant par le PDG de Naftal, les méfaits s'amoncellent. La dignité humaine y est bafouée dans certains programmes des chaînes de télévision privées. Ces caméras cachées sont tout simplement dangereuses à voir mais surtout à vivre pour ceux qui ont eu la malchance d'être embarqués dans ces aventures à très hauts risques. Les scènes sont très violentes. Elles font peur. Pourtant, l'auguste Autorité de régulation brille par son écran de fumée face à de graves dérapages cathodiques. Il serait facile de botter en touche et soutenir que cela relève de la justice comme l'Arav l'a fait à propos de plainte du président du MPA, Amara Benyounès. L'usage qu'on fait des images, le traitement de l'information, son orientation et sa manipulation- surtout si elle s'avère fausse- relèvent clairement des missions de la structure que dirige Zouaoui Benhamadi. Sinon, c'est quoi le rôle de l'Arav si elle n'est même pas capable d'exercer l'autorité pour laquelle elle a été créée ? Si toutes les dérives et toutes les outrances de certaines chaînes privées doivent être traitées par la justice, on ne voit pas l'utilité de cette structure réduite à faire des communiqués et, de temps à autre, oser un avertissement verbal qui plus est amical… Jusqu'à preuve du contraire, l'ARAV ne s'est pas imposée comme une sentinelle de la saine pratique du journalisme audiovisuel. Elle n'est visiblement pas capable d'assumer cette mission de gendarme des chaînes de télé. Tout se passe comme si elle a été crée avec une mention : «à suivre…», s'agissant de la limite du champ de ses interventions. Elle ne peut, légalement et moralement, se dispenser de sa responsabilité de rappeler à l'ordre les fauteurs de troubles et les diffuseurs de ces horribles images qui sont presque des attentats à la pudeur des téléspectateurs choqués par autant de violences. Il est loisible d'imaginer les conséquences sociales et psychologiques si ce genre d'images choc devait continuer impunément à être servies et en famille… Après, on se demande pourquoi la violence est à ce point diffuse dans ce pays… ! Déjà que la situation est extrêmement préoccupante. Nous n'avons même plus besoin d'user de caméras cachées. Rien ne se cache, tout se commet au vu et au su de tous. On kidnappe les enfants, on crucifie un voleur, on tue son père, on viole sa propre fille, on égorge un parent… Les crimes les plus abjects sont commis quasi quotidiennement dans les quatre coins de l'Algérie. Les faits divers chez nous sont devenus chroniques. Comme cet instinct de violence qui nous habite au point de l'assaisonner avec le bonheur d'un Iftar en suivant ces caméras qui ne cachent rien… Et puisque l'Arav se déclare non concernée, il ne nous reste plus qu'à implorer Dieu : Allah Yestar !