Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a mis en garde hier contre une "catastrophe" migratoire "semblable à celle de 2015" si l'Union européenne (UE) ne parvient pas à élaborer une réponse commune dans ce dossier, s'exprimant lors d'une réunion avec ses alliés bavarois en pleine crise avec la chancelière Angela Merkel. "Nous ne pouvons pas attendre jusqu'à ce que la catastrophe soit semblable à celle de 2015", a souligné le jeune dirigeant conservateur en marge d'un conseil des ministres commun avec le gouvernement du Land allemand de Bavière, dirigé par la CSU, organisé à Linz, dans le nord de l'Autriche. Le différend sur la politique migratoire entre le ministre de l'Intérieur allemand, le Bavarois Host Seehofer (CSU), et Angela Merkel (CDU) a poussé les Européens à faire du dossier migratoire une priorité du sommet prévu les 28 et 29 juin. Tout en se défendant de prendre parti dans les affaires "intra-allemandes", M. Kurz, qui a formé fin 2017 un gouvernement avec l'extrême droite sur une ligne dure concernant l'immigration, s'est félicité que le sujet soit considéré en haut de l'agenda des Vingt-Huit. "Si la discussion en Allemagne a quelque chose de bon, c'est qu'il y a désormais une nouvelle dynamique au plan européen, avec une nouvelle fois une grande opportunité pour que l'UE bouge enfin" dans ce dossier, a-t-il dit. M. Kurz se targue d'avoir été un des principaux artisans de la fermeture de la "Route des Balkans" aux migrants début 2016 alors qu'il était ministre des Affaires étrangères. "Ceux qui avaient ouvert les frontières en 2015 sont responsables du fait qu'il y a aujourd'hui des frontières entre l'Autriche et la Bavière, entre la Hongrie et l'Autriche, entre l'Italie et l'Autriche. Et que la situation va peut-être encore empirer", a-t-il déclaré en référence à la main tendue aux réfugiés par la chancelière allemande il y a trois ans. Le chef du gouvernement de Bavière, Markus Söder, a souligné que Munich et Vienne partageaient "une position et un esprit commun" dans ce dossier. M. Kurz, qui entend faire de la question migratoire la priorité de la présidence autrichienne de l'UE à partir du 1er juillet, multiplie les initiatives pour réunir un bloc de pays tenants d'un durcissement de la ligne européenne. Après la création d'un "axe" controversé avec la Bavière et l'Italie, il doit assister jeudi à Budapest à une réunion du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie), hostile aux quotas européens de réfugiés. R. I./Agences