Pour le FMI, juguler le marché des changes parallèles devrait être une des priorités du gouvernement. Le recours au financement monétaire pourrait accroître la demande sur le marché parallèle, augmenter les primes appliquées au taux de change et encourager des comportements favorisant l'inflation. Le Fonds monétaire international, qui a consacré un encadré au marché informel des changes parallèle dans son rapport publié lundi, estime que des efforts doivent être menés pour diversifier l'offre de devises sur le marché interbancaire et pour rationaliser les règles relatives aux opérations de change. Pour le FMI, juguler le marché des changes parallèles devrait être une des priorités du gouvernement. L'institution de Bretton Woods a salué l'initiative prise récemment par la Banque d'Algérie de clarifier les conditions de cession des recettes d'exportations hors hydrocarbures en devises. "La Banque d'Algérie pourrait envisager d'autoriser un écart plus important entre les taux de change officiels acheteur et vendeur afin d'augmenter le volume de transactions", recommande le FMI. Elle pourrait également assouplir les plafonds indicatifs des montants de devises autorisés à des fins de dépenses médicales, d'études et de voyages à l'étranger. Le FMI qualifie le marché des changes interbancaire au comptant d'asymétrique "car la Banque centrale est de fait le principal fournisseur". Cela s'explique, ajoute le Fonds, par le fait que la majorité de l'offre des devises provient des exportations d'hydrocarbures, qui doivent être vendues exclusivement à la Banque d'Algérie. "Les autres exportations génèrent des volumes de devises largement inférieurs, dont les exportateurs peuvent conserver la moitié", relève le FMI. Ce dernier indique que le marché des changes parallèle et illégal, qui s'est formé au fil des ans, semble gagner en ampleur et en sophistication. "La prime appliquée sur le marché parallèle s'élèverait actuellement à environ 50% du taux de change officiel", affirme le FMI, indiquant que l'offre de devises sur le marché parallèle provient probablement, pour la majeure partie, du rapatriement des retraites d'anciens expatriés algériens, des envois de fonds d'expatriés algériens actuels, de la surfacturation des importations et des recettes touristiques qui échappent au secteur bancaire. La demande semble être alimentée par les opérations de change en vue d'importations faisant l'objet de restrictions ou d'autres achats pour lesquels le bien-fondé de l'opération ne peut être établi, de la fuite de capitaux pour investir à l'étranger ou échapper à l'impôt, et/ou comme réserve de valeur ; et de la spéculation sur les fluctuations des taux de change officiel et parallèle. Pour le FMI, "l'existence du marché parallèle complique la gestion macroéconomique car elle alimente les anticipations inflationnistes, fausse la formation des prix et affaiblit les canaux de transmission de la politique monétaire". L'institution monétaire internationale estime que l'ajustement progressif du taux de change officiel, le relèvement des plafonds indicatifs des montants de devises que les voyageurs peuvent emporter et l'assouplissement des restrictions aux importations pourraient réduire l'ampleur du marché parallèle, mais ne suffiraient pas à l'éliminer. L'unification des deux marchés ne sera possible qu'en libéralisant progressivement les transactions en capital, une mesure qui ne pourra être envisagée qu'une fois les conditions macroéconomiques devenues plus favorables. Meziane Rabhi