Le journaliste de la chaîne de télévision TV5 Monde, Slimane Zeghidour, a plaidé pour plus d'apaisement dans les relations entre les deux pays. La reconnaissance de la torture par le président français annoncée, il y a quelques jours, est "d'abord une affaire interne", a, de prime à bord, commenté le journaliste. Slimane Zeghidour explique la décision d'Emmanuel Macron par la recherche d'un consensus. Concernant l'Algérie, la perception est, selon le conférencier, différente. Il évoquera les dernières polémiques suscitées par les films Ahmed Bey (à propos de la participation de l'acteur français Gérard Depardieu) et Ben M'hidi, des "preuves" que "la période 1830-1962 est surdimensionnée". Il estime ainsi que l'Histoire passe "avant la mémoire" en déplorant le fait qu'"on dénonce beaucoup plus qu'on enseigne". Cette relation entre l'Algérie et la France a été au centre de son intervention. Deux heures durant, Slimane Zeghidour a surtout essayé de mettre en exergue les côtés "positifs". Il insistera ainsi sur deux greffes qu'il considère comme "irréversibles" : la langue et la démographie. Selon lui, ceux qui s'acharnent à les nier "ne font que se battre contre des moulins". Toujours affirmatif, le journaliste français reviendra sur son parcours personnel qu'il présente comme un exemple. Lui, un parmi les 2,5 millions de déplacés dispersés durant la "guerre d'Algérie" dans un millier de camps à travers le pays, a pu avoir cette longue carrière de grand reporter et d'écrivain. Un plaidoyer pour une certaine forme d'intégration qui lui avait permis de devenir ce qu'il est maintenant. "S'il n'y avait pas la guerre, moi, comme d'autres Algériens, je n'aurais jamais été à l'école. Quel étrange paradoxe", déclarait-il, tout en ajoutant que "ma propre histoire est une histoire collective". Un discours qui s'étendait comme un fleuve tranquille devant une assistance qui donnait l'impression d'être en phase avec le conférencier. Mais c'était sans compter sur l'intervention d'une femme contestant les "certitudes" de Slimane Zeghidour. "Je crois que nous sommes de la même génération mais nous n'avons pas vécu la même chose", l'interpella-t-elle. Elle relatera les atrocités du colonialisme et des nombreux membres de sa famille assassinés par les Français durant la guerre de Libération. "J'ai mal et je me sens très mal à l'aise", s'est-elle offusquée suscitant la compassion de l'assistance. Recadré, le journaliste français a eu du mal à reprendre "ses esprits". Il se lancera après dans une diatribe contre l'obsession identitaire des Algériens, qui serait, selon lui, "un des reliquats de la colonisation". Salim KOUDIL