Des représentants de la société civile se sont réunis, hier, à l'hôtel Oasis d'Alger, pour essayer de trouver un modèle algérien de prévention contre la drogue et la toxicomanie. Une quête qui semble près d'atteindre ses objectifs. C'est l'un des constats de la première journée du séminaire national sur "Les nouvelles approches en matière de prévention des addictions" organisé par l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), en coopération avec le réseau MedNET du groupe Pompidou relevant du Conseil de l'Europe. Une rencontre qui a regroupé 22 associations (représentant 16 wilayas), en plus de représentants des ministères de l'Education nationale, de la Santé et des éléments de la Gendarmerie nationale et de la DGSN. Lors des débats ayant marqué la journée, le manque de repères était perceptible chez les représentants du mouvement associatif. Dans leurs interventions, les appels à l'aide et à l'élaboration d'une feuille de route étaient nombreux. Pour une représentante d'une association de parents d'élèves, il était question de connaître les outils nécessaires "pour protéger nos enfants". Pour répondre à ces SOS, deux experts exerçant en France, le Dr Yves Edel et le Pr Amine Benyamina, se sont attelés à un travail de pédagogie en revenant à chaque fois sur les expériences de prévention en vigueur en Europe. Pour le Pr Benyamina, "le modèle algérien doit être inventé en Algérie", tout en précisant qu'il ne faut pas s'attendre à un transfert d'expérience "clés en main". Il préconisera ainsi de résoudre le problème du tabac "en commençant par l'interdiction de fumer dans les lieux publics". Les participants lui indiqueront que la loi existe, "mais c'est son application qui pose problème". Le scientifique algérien, établi en France depuis 25 ans, appellera à appliquer en Algérie un "cheminement" pour la prévention des addictions : informer-former-soigner-réprimer. Il évoquera le problème des prescriptions de médicaments qu'il faudra résoudre "en mettant de l'ordre par la vérification et aussi en sanctionnant". De son côté, le Dr Yves Edel a insisté sur la nécessité de changer les éléments de langage pour éviter toute ambiguïté dans la prévention des addictions. Il notera que l'un des objectifs du séminaire "est de sortir avec un discours commun" en essayant de changer de "paradigme" dans l'utilisation des mots identifiant les "maux". Il appellera ainsi à "la promotion de la santé au lieu d'évoquer les fléaux sociaux". Une manière d'éviter les stigmatisations. Concernant le cannabis, le Dr Edel a une position tranchée : "Je suis contre la légalisation du cannabis, mais pour une réglementation." Tout en mentionnant que "la bataille de la drogue est pour le moment perdue par la répression". Toutefois, l'"os" sur lequel ont buté tous les intervenants réside dans l'absence de statistiques en Algérie. Combien de consommateurs de drogue existe-t-il ? Combien de toxicomanes ? Combien de psychotropes sont vendus illégalement ? Quelques questions parmi tant d'autres, qui restent sans réponse. Ce sera probablement l'une des recommandations phares qui ressortiront de ce séminaire dont la clôture est prévue pour aujourd'hui. Salim KOUDIL