Le gouvernement a mobilisé 89 000 policiers à Paris et dans les régions pour faire face aux débordements. Le président Emmanuel Macron devra prendre la parole en début de semaine. Le gouvernement français se tient le ventre. De nouvelles manifestations du mouvement des "gilets jaunes", prévues aujourd'hui à Paris et dans d'autres villes de France, risquent de déraper gravement et de produire encore plus de dégâts que celles qui ont eu lieu le week-end dernier. Le palais de l'Elysée dit "craindre une très grande violence". Pour faire face aux casseurs et prévenir les pillages, les autorités ont mis en place un dispositif policier exceptionnel, impliquant la présence de 89 000 policiers ; 8000 seront déployés dans la capitale pour sécuriser 14 quartiers sensibles qui seront ciblés par les groupuscules d'extrême droite et d'extrême gauche. Une douzaine de véhicules blindés de la gendarmerie seront en outre déployés dans les rues de Paris pour assurer l'ordre. Parmi les quartiers à risque figurent l'Etoile, les Champs-Elysées, la Concorde, la place Vendôme, la place de la République, Opéra, Bastille ou encore Montparnasse et la place d'Italie. Sur ces lieux, tous les commerçants ont été instruits par la préfecture sur la nécessité de protéger leurs vitrines. Les musées, les salles de spectacles et divers monuments comme la Tour Effeil seront en outre fermés. De leur côté, les Parisiens sont priés de rester chez eux. Lors de la troisième manifestation des "gilets jaunes" samedi 1er décembre, 200 magasins, bureaux de poste et agences bancaires ont été vandalisés. Le saccage de l'Arc de Triomphe a particulièrement marqué les esprits. Cette fois, des affrontements sont attendus, surtout sur les Champs-Elysées que les "gilets jaunes" veulent investir pour rallier le siège de la présidence de la République. "Des manifestants veulent venir à Paris pour en découdre. C'est très choquant !", a déploré le Premier ministre dans une interview télévisée, jeudi soir. Se montrant néanmoins rassurant, il a réitéré la détermination du gouvernement à riposter aux casseurs et à les mettre hors d'état de nuire. "La République est solide, je ne suis pas inquiet, ses institutions sont fermes", a déclaré Edouard Philippe, affirmant par ailleurs qu'"aucune taxe ne mérite de mettre en cause l'unité nationale". Le mouvement des "gilets jaunes" s'est constitué, pour rappel, après la décision de l'Etat français d'augmenter, en novembre dernier, le montant de la taxe sur le carburant. L'annulation de cette mesure en fin de semaine n'a toutefois pas calmé la colère des manifestants. Les "gilets jaunes" reprochent au gouvernement des réformes antisociales (baisse des aides au logement et coupes dans les pensions de retraite) et de favoriser les riches à travers la suppression de l'impôt sur la fortune notamment. Retraités, chômeurs, intérimaires et smicards sont disséminés à travers d'innombrables points de blocage à travers le pays. Leur mobilisation a commencé à faire tache d'huile, avec l'entrée en scène, ces derniers jours, des lycéens. L'interpellation, il y a deux jours, d'une centaine d'élèves d'établissements de Mantes-La Jolie, dans le département des Yvelines, près de Paris, a donné lieu à une vive polémique. Les lycéens ont été filmés alors qu'ils étaient à genoux et avec les mains sur la tête. Sur la toile, des vidéos de même nature montrent d'autres scènes de répression. De son côté, le ministre de l'Intérieur a fait état, hier, de violences subies par des agents des forces de l'ordre. Il a décrit des extrémistes "factieux" qui veulent créer le chaos en s'infiltrant parmi les "gilets jaunes". "Il faut distinguer l'expression de cette colère légitime et ces violences inacceptables", a-t-il affirmé, ajoutant qu'il n'aura "aucune tolérance vis-à-vis de ceux qui exploitent la détresse de nos concitoyens". Silencieux depuis le début de la révolte, le président Macron devra s'exprimer dans les jours qui viennent. Les Français attendent de lui des gestes forts pour rétablir la paix sociale. Des membres de son gouvernement, comme le ministre de l'Agriculture, sont favorables à des baisses d'impôts. Les syndicats demandent pour leur part une augmentation du SMIG. S. L.-K.