Elle appelle à de nouvelles initiatives permettant l'application des résolutions du Conseil de sécurité. Qu'est-ce qui fait donc courir Miguel Angel Moratinos ? Le chef de la diplomatie ibérique manifeste ces derniers jours un activisme sans pareil dans le dossier sahraoui. Se disant préoccupé par l'enlisement du sort de l'ancienne colonie espagnole, il a adressé, jeudi dernier, un courrier à ses homologues algérien, marocain, mauritanien et du Front Polisario ou il a déploré la persistance du statut quo. Sa missive fait suite à la visite effectuée par son adjoint, Bernardinon Léon successivement à Alger, dans les camps sahraouis à Tindouf, à Nouakchott et à Rabat en fin de semaine. Le secrétaire d'état aux Affaires étrangères était porteur d'un message insistant sur la relance du plan de paix. De même, Moratinos a appelé à “de nouvelles initiatives” permettant “d'appliquer le droit international et les résolutions de l'ONU”. C'est justement par “manque d'initiatives” que le processus de règlement est selon lui “bloqué”. Son appel cible d'un côté les pays de la région et les instances onusiennes. Ainsi, il a demandé au secrétaire général de l'ONU de désigner au plus vite “un envoyé personnel possédant un profil politique suffisant” et de pourvoir le poste de représentant spécial chargé de la Minurso (Mission des Nations Unies au Sahara Occidental). La fonction d'envoyé spécial était aux mains du Péruvien Alvaro De Soto qui a démissionné au bout de quelques mois, sous la pression marocaine. Avant lui, l'ancien secrétaire d'état américain, James Baker qui avait assuré la charge d'émissaire du SG de l'ONU depuis 1997, avait dû jeter l'éponge en avril 2004, suite au refus têtu de Rabat de souscrire aux résolutions onusiennes portant sur un référendum au Sahara occidental. La partie marocaine avait perçu cette renonciation comme une victoire de sa diplomatie. Elle s'est trouvée confortée par l'attitude solidaire de Madrid qui par la voix de Moratinos avait exhorté à l'exploration d'autres voix de règlement de l'affaire du Sahara occidental. Durant l'été 2004, le chef de la diplomatie ibérique s'est distingué en effet par une critique singulière du plan Baker en contestant son caractère sacré. Son ambition d'ouvrir des négociations directes entre Alger et Rabat avait vivement irrité le gouvernement algérien. Si bien que lors de sa première visite dans notre pays, quelques semaines après sa nomination au poste de chef du gouvernement, Luis Rodriguez Zapatero a dû rectifier le tir en exprimant l'attachement de l'Espagne au plan de règlement de l'ONU. Rejetant catégoriquement la qualité de “partie” que le Maroc et ses alliés traditionnels, notamment Paris et Madrid, veulent absolument lui prêter, Alger continue, quant à elle, à défendre ses positions traditionnelles, soit le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui en conformité avec les résolutions de l'ONU. C'est en cela uniquement qu'elle rejoint l'appel de Moratinos. En revanche, elle est appuyée dans son plaidoyer anti-colonial par un certain nombre de pays et d'ONG. Pas plus tard qu'hier, le parti communiste italien a réitéré son appel à l'autodermination de la population sahraouie. Dans un message adressé à la représentation du Polisario à Rome, le PCI a dénoncé, par ailleurs, la répression par l'armée marocaine des dernières manifestations dans les territoires sahraouis occupés. Samia Lokmane