Le général-major à la retraite, Ali Ghediri, n'a pas entretenu le suspense longtemps. Après une série d'incursions médiatiques qui lui ont valu des attaques au vitriol de la part du commandement de l'armée, l'ancien militaire a déclaré officiellement sa candidature à l'élection présidentielle. Dans une déclaration rendue publique hier, le général-major à la retraite, Ali Ghediri, annonce sa candidature à la candidature à la magistrature suprême et son ambition de fonder "la deuxième République". S'il refuse de croire que "la résignation" est "une fatalité", le général à la retraite explique le sens de son engagement. Sans donner plus de détails sur le contenu de son programme présidentiel, le candidat à la candidature évoque, d'ores et déjà, "une remise en cause, sans tabou, de l'ordre établi". Le projet qu'il présente aux Algériens "s'inscrit, pour sa réalisation, dans le cadre d'un projet novateur, qui s'articule autour d'un objectif : ‘la rupture sans reniement'". Dans le document, rédigé en français et en arabe, sous forme d'un appel aux Algériens, l'ancien directeur du personnel du ministère de la Défense nationale évoque son ambition de bâtir une seconde République. Cela passe par "la rupture" qui, même si elle fait peur, est perçue par l'auteur "comme une démarche salvatrice". "Je la scande comme voie, non pas pour choquer les esprits, mais parce que j'estime qu'elle est, au point où en est le pays, le seul remède contre les maux qui rongent notre nation, notre société et nos institutions, entamant dangereusement notre base sociale et mettant en péril réel la République", a-t-il indiqué. Pour faire adhérer un grand membre à son "projet", Ali Ghediri s'inscrit dans un "nous" qu'il ambitionne de partager avec les Algériens. Il appelle à restaurer le message de Novembre. "Nous en ferons le socle éternel de la deuxième République que nous nous promettons d'édifier, pour mettre définitivement l'Algérie en phase avec ce que je pense être sa destinée", s'engage-t-il. Attestant de sa probité, le général rappelle vivre de ses seuls revenus connus, à savoir son salaire de militaire actif, puis sa pension de retraite. Un gage de sérieux qui le pousse à évoquer la fondation d'une "nouvelle République" qui sera faite sur "la base d'une réelle refondation démocratique et d'une totale reconfiguration institutionnelle dans le moule d'un projet de société moderniste, dont le peuple aurait participé à la définition de la philosophie autant qu'à la mise en œuvre". Toujours dans sa démarche collective, Ali Ghediri rappelle que si les hommes qui ont déclenché la guerre d'indépendance avaient rêvé d'une Algérie "libérée", "nous, nous rêvons d'une Algérie réellement démocratique, fière, prospère et moderne". L'annonce de la candidature d'Ali Ghediri à l'élection présidentielle semble être une suite logique. Le général-major à la retraite s'est distingué, depuis l'automne dernier, par trois tribuns médiatiques successifs. Dans une interview au journal El Watan, il avait appelé le chef d'étatmajor de l'ANP à "assumer" ses responsabilités pour ne pas laisser des "aventuriers (…) violer d'une manière aussi outrageuse la Constitution". Cette sortie a valu à l'ancien général-major une volée de bois vert de la part du vice-ministre de la Défense nationale. Tout en déniant à son ancien subordonné la qualité de s'exprimer au nom de l'armée, Ahmed Gaïd-Salah accuse Ali Ghediri d'être "mû par des ambitions démesurées" et animé par "des intentions sournoises". Le chef d'état-major a accusé le général-major à la retraite, sans le citer, de faire partie des "individus aigris et sans envergure", qui ne "lésinent pas sur l'emploi des moyens les plus déloyaux, visent sans succès à influencer l'opinion publique et de s'affubler de la crédibilité qui leur fait énormément défaut". Non content de diffuser un communiqué, il réitérera les mêmes accusations quelques jours plus tard devant des officiers réunis à Oran. Il a évoqué, à cette occasion, des individus qui "font prévaloir leurs intérêts personnels étriqués et leurs ambitions démesurées qui ne sont absolument pas en rapport avec leurs véritables capacités sur plus d'un plan". Ali Ghediri, menacé par la hiérarchie de l'armée de poursuites judiciaires, n'a pas répondu aux accusations de Gaïd Salah. Il a préféré rendre publique sa déclaration de candidature à l'élection présidentielle. Il lui reste maintenant le défi de récolter les parrainages nécessaires pour faire valider sa candidature, mais aussi d'aller à la quête de soutiens politiques, partisans et autres. Ali Boukhlef