RESUME : Les chargés de l'enquête sont revenus interroger Nawel. Elle les rassure, elle n'est pas prête à recommencer. Hamid et sa grand-mère lui rendent visite. Taklit a pris le soin d'apporter son bébé. Nawel est toute remuée en le voyant. Au fond d'elle-même, elle a pris une décision qui va changer leur vie… Nawel ne pourra rentrer chez elle que deux semaines après. Une fois que le médecin aura jugé ses plaies guéries, il autorisera sa sortie d'hôpital. Mais avant, il discute avec elle, tenant à s'assurer qu'elle ne recommencera pas. - Au cas où vous rencontrerez d'autres problèmes, n'hésitez pas à tenter de les régler, au lieu de tenter de vous suicider. Cela ne les résoudra pas. Et puis, pensez à votre bébé. Il a besoin de vous. L'amour que vous lui portez devrait vous rendre plus forte. Nawel lui promet qu'elle n'aura plus d'idée suicidaire. Hamid vient la chercher en fin de journée, après son travail. Il s'est assis à l'arrière du taxi, près d'elle. Pendant tout le trajet, il lui a parlé de leur fils et de ses projets. Il comptait vite trouver un nouvel appartement et donner un nouveau départ à leur mariage. Elle l'écoute, sans répondre une seule fois. Elle n'a plus rien à lui dire. Elle ne se sent pas concernée par ses projets. Elle n'a pas besoin d'entendre ses promesses. Elle s'était bercée d'illusions pendant des mois. Elle avait aussi espéré des changements dans sa vie et ses espoirs s'étaient envolés un à un. Aujourd'hui, quoi que son mari puisse lui dire, elle ne le croit pas. Si elle le lui dit, il ne devrait pas en être surpris. - Je voudrais aller voir mes parents, lui dit-elle. Et rester chez eux quelque temps. - Oui, je vous emmènerai la semaine prochaine, répond Hamid. - Non, ce week-end, décide-t-elle. Je ne veux pas rester ici. Ma famille me manque. - Bien. Je croyais que cela te ferais du bien de rester un peu à la maison, lui dit Hamid. - Pour subir la tyrannie de ta mère, rétorque-t-elle. Non merci. Je vis avec ta famille depuis des mois et des mois. Tes frères et tes sœurs sont des étrangers pour moi. Ils ne m'ont jamais adressé la parole. Quant à ta mère, lorsqu'elle s'adresse à moi, c'est uniquement pour m'insulter ou dire des méchancetés. Hamid ne prend pas la défense de sa mère. Ils sont arrivés. Nawel n'est pas surprise de trouver la maison silencieuse. Ses beaux-frères et ses belles-sœurs détournent les yeux à son entrée, évitant le regard de leur mère. Elle tient le bébé sur ses genoux. Nawel est heureuse en le voyant sourire, et même si elle en meurt d'envie, elle ne va pas le lui prendre. Taklit est sortie de la chambre et l'accueille chaleureusement. C'est elle qui prend le bébé et le lui remet pour éviter tout contact entre elle et sa fille. - Va te reposer avec lui. Il a dû te manquer. - Tu ne peux pas t'imaginer à quel point, murmure Nawel. Merci. Pour la première fois depuis son retour, elle peut enfin être seule avec son bébé. Elle trouve du réconfort rien qu'à le regarder. Elle se sent plus forte. Elle le prend avec elle quand elle se rend à la cuisine pour se préparer une tisane. Elle comprend que sa belle-mère ne tente pas de le lui prendre. Aussi, comme elle a toujours une idée en tête, elle le remet à Taklit. - Le petit doit leur manquer. Donne-le à ta fille et à tes petits-enfants en attendant qu'il tombe de sommeil, dit Nawel, les surprenant tous par son acte. En son for intérieur, elle pense qu'ils font partie de sa famille et de sa vie. Mais plus pour longtemps… (À suivre) A. K. [email protected]