Bruxelles a préparé, dans le cas des voitures, une liste de biens américains, à hauteur de 20 milliards d'euros, susceptibles d'être taxés si les Etats-Unis déclenchaient les hostilités. La réflexion engagée par le président américain, Donald Trump, pour imposer ou non des taxes sur les automobiles de l'Europe d'ici 90 jours, a suscité une vive réaction de Bruxelles. Lundi soir, l'Union européenne (UE) a promis d'organiser une riposte de manière rapide et adéquate si les Etats-Unis d'Amérique venaient à surtaxer les automobiles européennes, affirmant que tout serait mis en œuvre pour éviter une escalade avec Washington, car celle-ci aura un impact désastreux sur les relations commerciales entre les deux continents. Cette réaction intervient après que le ministère américain du Commerce ait annoncé avoir officiellement remis à la Maison- Blanche un rapport sur l'industrie automobile qui pourrait conduire Donald Trump à surtaxer les voitures importées, comme il menace de le faire depuis des mois. Tout en se donnant un délai de rigueur de 90 jours pour prendre une décision définitive, le président américain voudrait appliquer le principe de réciprocité, sachant que les véhicules américains sont taxés à 10% à l'importation alors que ceux de l'Europe ne sont taxés aux USA qu'à hauteur de 2%. Mais la goutte qui a fait déborder le vase était liée aux conclusions de l'enquête du ministère américain du Commerce qui s'interrogeait si les voitures importées constituent une menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis, un raisonnement jugé "effrayant" par la chancelière allemande Angela Merkel. "La Commission européenne est au courant de la conclusion d'une enquête menée par le ministère américain du Commerce (…) Si ce rapport se traduisait par des mesures préjudiciables aux exportations européennes, la Commission européenne réagirait de manière rapide et adéquate", a promis le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas. Craignant un retour au schéma de l'année 2018, quand les Européens avaient répondu à des droits de douane similaires sur leur acier et leur aluminium après une plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Bruxelles a préparé, dans le cas des voitures, une liste de biens américains, à hauteur de 20 milliards d'euros, susceptibles d'être taxés si les Etats-Unis déclenchaient les hostilités. Cette crainte est d'autant plus partagée par Motor Equipement Manufacturers Association (Mema), le plus puissant lobby américain des équipementiers automobiles, qui présage que d'éventuels droits de douane mettraient en péril leur sécurité économique, leur leadership technologique et entraînerait des licenciements aux USA. D'où cette expression de prudence affichée par les ministres européens du Commerce qui s'étaient réuni à Bucarest pour décider d'accorder ou non à la Commission le droit d'ouvrir des négociations, car ces dernières avec les USA ne font l'unanimité au Parlement européen qui ne dispose cependant que d'un rôle consultatif. Une chose est sûre, cette guerre commerciale, qui ne fait que commencer, promet de livrer tous ses secrets, car elle menacerait des centaines de milliers d'emplois.