Outre la marche hebdomadaire de la communauté universitaire qui se tient depuis plus d'un mois, de nombreuses corporations, notamment celles du secteur public, ont rejoint, hier, la mobilisation citoyenne, en investissant la rue pour dire : "Système dégage". Dans le sillage du mouvement de protestation contre le pouvoir en place, des milliers de travailleurs, issus de différents secteurs d'activité, des étudiants et autres citoyens sont encore sortis, hier, dans la rue, à Béjaïa, pour exprimer, encore une fois, leur rejet de la feuille de route de Bouteflika et exiger le départ du système. Ces actions de rue ont été accompagnées par un large mouvement de grève qui a paralysé, durant toute la journée d'hier, la quasi-totalité des administrations publiques. En effet, outre la marche hebdomadaire de la communauté universitaire, qui se tient tous les mardis matin depuis plus d'un mois, de nombreuses corporations, notamment celles du secteur public, ont rejoint, hier, la mobilisation citoyenne, en investissant la rue pour dire : "Système dégage". Parmi les marches qui ont eu lieu hier à Béjaïa, on citera celles initiées par les étudiants et les enseignants universitaires, et celles des travailleurs du secteur de l'agriculture (Direction de la pêche, conservation des forêts...), de l'Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI). Si la marche de la communauté universitaire a eu pour point de départ le campus de Targa Ouzemour, les autres manifestations ont démarré depuis le siège social de chaque entreprise ou institution publique. Au final, les différents cortèges qui ont sillonné les artères principales de la ville des Hammadites ont convergé vers la rue de la Liberté. Vers 12 heures, la place de la liberté d'expression Saïd-Mekbel et les alentours du siège de la wilaya, grouillaient de monde. Bien que chaque carré ait mis en avant différents mots d'ordre, il n'en demeure pas moins que tous les manifestants ont été unanimes à scander haut et fort un slogan commun, à savoir : "Système dégage !". Un slogan qui reste la principale revendication, voire un préalable à tout changement, pour l'écrasante majorité du peuple algérien. La communauté universitaire de Béjaïa, qui s'est amplement investie dans cette formidable mobilisation citoyenne enclenchée depuis le 22 février dernier, a brandi, hier, deux imposantes banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Le peuple est la source de tout pouvoir" et "Pour une université gratuite et de qualité". Parallèlement à ces marches pacifiques, une grève a été observée par les fonctionnaires des collectivités locales, mais aussi par les travailleurs de la Poste, de Naftal, de Sonelgaz, de la Cnas, de l'ENPI, de l'Ansej, de l'Angem, de l'Anem, de l'inspection du Travail, du secteur des finances (impôts, domaines, conservation foncière, Trésor public, contrôle financier...), de la DSA, du tourisme et de l'artisanat, des ressources en eau, de l'énergie, de la bibliothèque principale de la commune de Béjaïa. Par ailleurs, les employés de l'agence commerciale d'Algérie Télécom (Actel) d'Aokas ont observé, eux aussi, un débrayage en signe de soutien au mouvement populaire réclamant le départ du système, de ses hommes et de ses symboles. De leur côté, les travailleurs de l'entreprise Mac-Soum (ex-Sonipec) d'Akbou ont organisé, hier, une marche pacifique depuis le siège de leur complexe industriel jusqu'à la place Colonel-Amirouche, en empruntant la RN26. Les marcheurs ont scandé tout au long de leur parcours les mêmes slogans que ceux déjà entendus aux quatre coins du pays. Aussi bien à Béjaïa qu'à Akbou et Aokas, les manifestations ont pris fin, dans le calme, avant l'annonce par le chef d'état-major de l'ANP de la mise en application de l'article 102 de la Constitution comme solution à la crise politique que vit le pays depuis près de deux mois. KAMAL OUHNIA