Au tribunal de Sidi M'hamed, l'activité dans les salles d'audience était réduite à la présentation des affaires déjà programmées en référé. Les avocats ont gelé hier leurs activités dans les différentes juridictions du pays pour protester contre l'arrestation de leur confrère Me Salah Dabouz, libéré lundi. Cette action de protestation était "une réussite totale", a commenté dans une déclaration à Liberté, le président de l'Union nationale des ordres des avocats (Unoa), Ahmed Saï, en précisant qu'elle a été observée "pour le droit à la défense qui est bafoué par le procureur général de Ghardaïa, qui a entamé des poursuites abusives et infondées contre notre confrère Salah Dabouz". Il a indiqué, dans ce sens, que "toute la corporation a observé cette journée de protestation", ajoutant qu'une demande sera introduite auprès du procureur général de Ghardaïa pour la levée du contrôle judiciaire. Hier, au tribunal de Sidi M'hamed, l'activité dans les salles d'audience était réduite à la présentation des affaires déjà programmées en référé. Me Salah Dabouz, avocat et militant des droits de l'Homme, a été arrêté, dimanche, par la police, à Alger. Présenté devant le procureur de la République du tribunal de Sidi M'hamed, il a été ensuite transféré au tribunal de Ghardaïa où le juge a ordonné son arrestation. Il a été libéré, lundi 8 avril, mais placé sous contrôle judiciaire. Appelé par nos soins, Me Dabouz a indiqué : "Je n'ai pas encore vu le dossier, mais le juge m'a dit que j'ai ici beaucoup d'écrits et m'a montré des pages Facebook. Il m'a parlé de certaines déclarations que j'ai faites au sujet d'une affaire concernant des avocats d'Oran, et m'a parlé aussi d'une interview que j'ai donnée au blogueur Merzoug Touati." Et de se demander : "Pourquoi un procureur général ou un procureur de la République près le tribunal de Ghardaïa s'intéresseraient-ils à Dabouz qui, lui, a son adresse à Alger et qui fait des déclarations, et pourquoi rapportent-ils des déclarations sur des choses qui se passent à Oran ou à Béjaïa et le convoquent à Ghardaïa ? Et pourquoi les 48 parquets de la République n'ont rien remarqué, à part le parquet de Ghardaïa qui me convoque et s'attaque à mes clients, parce que, aujourd'hui, je suis en train de voir que pratiquement tous les gens que j'ai défendus sont poursuivis. Ce qui est très grave." Me Salah Dabouz estime que le procureur de Ghardaïa "a un compte personnel à régler avec moi", en voulant pour preuve "une déclaration de 4 pages où il parle de moi et menace même les avocats qui se solidarisent avec moi". A priori, "il n'y a pas que moi, il y a un Fekhar qui est en prison par sa décision, un syndicaliste, Hadj Brahim Aouf, dont l'état de santé s'est dégradé en raison de la grève de la faim, et qui risque de mourir, tout autant que les deux autres activistes à Menéa que Me Dabouz a affirmé avoir défendus. On risque d'avoir beaucoup de Tamalt", a-t-il lâché enfin.