C'est devenu un rituel, chaque vendredi, des dizaines de milliers de citoyens, toutes générations confondues, se rassemblent pacifiquement pour crier haut et fort leur total rejet du système qui a dilapidé les richesses du pays. Après la prière, les rues de la ville ont été immédiatement investies par des familles entières, des jeunes, des retraités, des étudiants, des travailleurs, des couples accompagnés de leurs enfants, des jeunes filles drapées dans l'emblème national, des vieillards parfois appuyés sur leur canne, d'anciens retraités de l'armée, arborant des banderoles et des pancartes dénonçant les caciques du pouvoir. Disciplinés et de bonne humeur, ils ont emprunté les boulevards du 1er-Novembre, Souidani-Boudjemaâ, la rue Saïd-Boumaza et ont organisé un long sit-in devant la stèle du défunt président Houari Boumediene, au niveau de l'emblématique place du 19-Mars. Ils ont suite rallié le stade de la cité Gahdour-Tahar, sur les hauteurs de la ville, où des milliers de personnes avaient déjà pris place sur les gradins pour assister à cette immense fête populaire qui a regroupé des groupes de jeunes qui animaient cet immense rassemblement en interprétant des tubes célèbres au son de la derbouka. Les participants ont entonné l'hymne national, des chants patriotiques et scandé des slogans contre le pouvoir en place, tels que "Bensalah dégage !", "Un président sans peuple !", "Les 3 B dégagez !", "Tout le sérail de Bouteflika doit disparaître !", "Nous voulons une nouvelle République et des dirigeants propres et honnêtes !". De nombreux véhicules de tourisme, des camions, des fourgonnettes, des bus et des motos ont inlassablement sillonné les principales artères de la ville de Guelma en klaxonnant et dont les occupants arboraient l'emblème national. De toute évidence, la wilaya de Guelma, qui a mobilisé des dizaines de milliers de citoyens venus des 34 communes, a donné une leçon magistrale à ceux qui s'accrochent sans honte au pouvoir et sont rejetés par le peuple dans son intégralité.