Le collectif des avocats affiliés au barreau de Béjaïa a tenu, hier, un sit-in dans l'enceinte du palais de justice de la même ville, sis à la cité Tobbal, pour réaffirmer son soutien au mouvement populaire réclamant le départ du système et l'instauration d'un véritable Etat de droit. Cette action de protestation qui s'inscrit dans le cadre des manifestations initiées, hier, à l'échelle nationale, par l'ordre des avocats, a été ponctuée par une journée de grève nationale, observée durant la même journée par les robes noires. À Béjaïa, ces auxiliaires de justice, appuyés par certains magistrats, exigent, à travers leur mouvement de grève, le respect de la volonté populaire, l'indépendance de la justice et le départ de tout le système en place. En effet, les membres du barreau de Béjaïa portent les mêmes revendications. À savoir, l'annulation du simulacre d'élection présidentielle du 4 juillet prochain, le départ du chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, du Premier ministre, Noureddine Bedoui, et de son gouvernement, ainsi que l'organisation d'une période de transition qui sera gérée et contrôlée par le peuple algérien. Lors de son intervention, le bâtonnier de Béjaïa, Me Salem Khatri, a tenu à rappeler que ce mouvement de grève des avocats à l'échelle nationale est venu appuyer les revendications légitimes du peuple algérien qui aspire à un changement pacifique et radical du système politique en place. Ensuite, c'était au tour du magistrat Bouguerida, président de la deuxième chambre correctionnelle près la cour de Béjaïa, de prendre la parole devant la foule pour appeler l'ensemble de ses collègues, notamment les magistrats de la Cour suprême et du Conseil d'Etat, à briser le mur de la peur et rejoindre le mouvement populaire. "Nous, les magistrats de la République, qui sommes des enfants du peuple, au nom duquel nous rendons nos jugements, vous disons, à partir de cette tribune et depuis le lieu de la tenue du Congrès de la Soummam, qu'il est temps de franchir cette obligation de réserve, considérée jusque-là comme une barrière qui nous imposait le silence. Pas de place à l'obligation de réserve devant le destin de l'Algérie qui se joue aujourd'hui. Le peuple est la seule source de décision. Laissez-le exercer pleinement sa souveraineté", a-t-il déclaré en substance. KAMAL OUHNIA