Après la démission mardi dernier du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, le mouvement de contestation populaire et pacifique, enclenché le 22 février, ne semble pas près de s'estomper.Bien au contraire, il ne cesse de se radicaliser, à l'image des milliers de citoyens plus que jamais déterminés à faire entendre leur voix et qui ont battu le pavé, hier, à Sidi Bel-Abbès pour exiger le départ des "2B" restants, du système politique actuel ainsi que de toutes les figures qui l'incarnent. En effet, dès la fin de la prière du vendredi, les manifestants, une foule impressionnante composée de différentes couches de la société, dont certains étaient même accompagnés de leurs enfants, ont afflué de partout pour envahir la place du 1er-Novembre-1954 avant d'entamer une longue marche sur la ligne du tramway passant par les carrefours Le Garden et Les Amarnas, avant de poursuivre leur marche vers la place ex-Le Petit Vichy en longeant le boulevard La Macta.Tout au long de la marche, la déferlante humaine, encadrée par des policiers et devancée par une assourdissante escouade de motos, brandissait le drapeau national, l'emblème amazigh, des banderoles et des pancartes portant des inscriptions tels les mots d'ordre appelant au changement, la traduction des personnes impliquées dans des affaires de corruption et de gaspillage d'argent public devant la justice et surtout à l'annulation de l'élection du 4 juillet prochain. Sur d'autres pancartes arborées par les manifestants, on pouvait également lire : "Que la justice bouge", "Gaïd Salah on veut des actes et non des paroles", "Le gaz de schiste pour les USA et le gaz lacrymogène pour l'Algérie", "Novembre termine ses saisons", "Problème politique, solution politique : silmiya silmiya", "Cette fois-ci on ne vote pas, partez tous", ou encore "Ni Bensalah, ni Bedoui, ni le FLN, ni RND, ni TAJ", "Seule la voix du peuple est la source du pouvoir". Par ailleurs et au fur et à mesure que la procession avançait, les rangs des protestataires ne cessaient de grossir au milieu des cris qui se multipliaient en chœur : "Nous rejetons le système, le gouvernement, son chef : dégagez tous !", "Ni la Libye, ni la Syrie et on n'a pas peur de la décennie noire", "On l'a débuté silmiya et on y met fin silmiya" et "Nul ne peut arrêter un peuple sur le chemin de son destin". Après plus de trois heures de protestation dans un climat serein et paisible, les manifestants se sont dispersés dans le calme tout en se donnant rendez-vous pour vendredi prochain. "Notre but est la consécration de notre souveraineté populaire", ont-ils conclu.