La manifestation culturelle, assez originale de par son thème, s'est déroulée fin mars à Azeffoun. D'apparence modeste pour sa première édition, "Awal" s'est déclamé et chanté devant un public conquis. Mot, verbe, parole, "Awal" est le vecteur de l'activité et de la communication humaine. Il est le pilier de la création culturelle et participe à la fondation des civilisations. L'évènement, qui a capté l'intérêt des citoyens et suscité le soutien de la daïra, de la commune, d'associations et d'opérateurs économiques, a connu un succès. Pour en savoir davantage, Horia Bouayad, l'initiatrice du projet, a bien voulu accorder un entretien à Liberté. Liberté : Comment est venue l'idée d'un évènement culturel autour d'Awal ? Horia Bouayad : À Paris, avec une amie originaire d'Azeffoun, nous avions creusé l'idée d'organiser un évènement culturel dans cette ville en dehors de la saison estivale afin de la redynamiser durant la basse saison, car Azeffoun s'anime surtout pendant les grandes vacances, avec l'afflux des estivants. L'idée était de mettre à l'honneur le mot, un concept transversal, aussi bien écrit, déclamé, joué ou chanté, mais aussi le mot émotion, le mot échangé, le mot libérateur... En kabyle, awal a encore plus de sens, la parole donnée, le mot qui engage, un contrat en quelque sorte. C'est tout cela qui fait la valeur et la puissance d'Awal. Un collectif, Azeffoun et ses amis, s'est constitué sous le couvert de l'association Accord pour concrétiser le projet. L'évènement a reçu l'aval et l'entière adhésion ainsi que le soutien moral, logistique et financier des pouvoirs publics d'Azeffoun et de tous ceux qui voulaient y contribuer. Pouvez-vous nous parler du contenu de cet évènement ? Il y a eu des communications, comme "La valeur de la parole chez les Amazighs", de Rachid Oulebsir, écrivain et chercheur sur le patrimoine ancestral. Abderrahmane Khelifa, écrivain, historien et archéologue, a abordé le thème de la "Pluralité de la parole à travers les âges", alors que Mustapha Benkhemou, écrivain, a intitulé sa conférence "Awal izgan, awal n'yimmal", consacrée à la pérennité de tamazight. À Azeffoun, il est difficile de ne pas évoquer le nom de la grande artiste Hnifa, native de cette belle région. Une conférence a été présentée par Hend Sadi, mathématicien et écrivain, sur "Une parole de femme à travers l'exemple de l'artiste chanteuse Hnifa". Dans cette terre qui a donné tant d'artistes à l'Algérie, à l'image de hadj M'hamed El-Anka, Mhenni, Boudjemâa El-Ankis, Fellag…, repose le poète écrivain Tahar Djaout. Son ami Kamel Bencheikh, journaliste et écrivain, lui a consacré une communication sous le titre "Le mot par Tahar Djaout". Il y a eu également un moment fort de recueillement sur sa tombe où des amis lui ont rendu hommage en lisant ses textes. Par ailleurs, l'évènement culturel Awal a prévu trois ateliers : "écriture", animé par le poète Rezki Rabia ; "poésie", intermède musical animé par les poètes et artistes Aziz Fellag, Mohamed Aouine, Mohamed Meberbèche et Rezki Rabia. Le troisième atelier a été consacré aux jeux, avec un tournoi destiné aux inventeurs de jeux, inspiré de celui qui s'est déroulé à l'université de Berkeley, aux Etats-Unis. Quelles perspectives pour "Awal" après cette première édition ? Des habitants d'Azeffoun s'engagent à contribuer à l'organisation et à la réussite de la deuxième édition d'Awal que nous tenons à ancrer dans les traditions culturelles locales, avant de penser à en faire plus tard un évènement national. Il est envisagé également une "caravane du mot" qui fera voyager la parole, avec tout son contenu culturel.