Des hommages ont été rendus durant le rassemblement aux victimes du Printemps noir de 2001 et à Ramzi Yettou, qui a succombé à ses blessures après avoir reçu un coup à la tête, lors de la marche du 12 avril dernier à Alger. Un beau mariage de couleurs a marqué hier après-midi, à Paris, le rassemblement de la diaspora pour le départ du régime en Algérie. Les emblèmes national et amazigh ont dessiné une belle toile, celle de la fraternité entre des milliers de compatriotes, qui se sont massés sur la Place de la République. Les deux drapeaux ont été portés à bout de bras, sur les épaules, autour de la taille et en forme de casquette, de brassard et d'écharpe. "Le pouvoir a toujours joué la carte de la division pour se maintenir", explique Mustapha, dont le frère aîné a été blessé durant le Printemps noir, en 2001. Il avait été poignardé lors de la marche du 14 juin, à Alger, par des voyous, réquisitionnés par la police. "À l'époque, j'étais petit mais je garde encore le souvenir de ce qui s'est passé. La télévision publique avait fait parler de soi-disant Algérois qui se disaient menacés par le déferlement des Kabyles sur la capitale. Il y avait de la haine", se rappelle notre interlocuteur. Aujourd'hui, il est fier de voir les Algériens, dans leur diversité, fraterniser, pendant les manifestations, en France et en Algérie et lutter ensemble pour la démocratie. "Regardez tout ce monde. C'est le peuple et il est uni", confirme Yamina, bénévole de Libérons l'Algérie, un ensemble d'organisations de la diaspora, mobilisées depuis le mois de février pour organiser l'opposition au système, dans l'Hexagone. "Il faudra aussi un jour que ce régime paie pour ce qu'il a fait", précise Yamina, en évoquant tous les jeunes qui ont été tués en 2001. Elle s'élève aussi contre le sort qui a été réservé à Ramzi Yettou, le jeune Algérois qui vient de succomber à ses blessures, après avoir été frappé à la tête, pendant la marche du 12 avril dernier, à Alger. "Personne n'est épargné et toutes les méthodes, y compris les plus immondes, sont encore utilisées pour réprimer le peuple. Ces gens-là doivent partir et le plus vite possible", enchaîne Mohamed, étudiant en médecine. Avec un groupe d'amis, il se prépare à aller défiler à Alger, vendredi prochain. "Je ne me suis jamais senti aussi proche de mon pays. Les Algériens m'épatent par leur résilience. Ils m'ont redonné espoir", confie le manifestant. Et au milieu de cette ambiance de fête, certains ont engagé le débat. Le collectif Debout l'Algérie (qui a organisé le premier rassemblement de la diaspora en France le 19 février) a aménagé une petite scène où des anonymes se sont relayés, micro à la main, pour faire connaître leurs attentes. "Il faut apprendre les leçons du passé. Bouteflika est parti mais le système qui l'a porté au pouvoir est toujours là. Ce système veut lui-même conduire la transition et il déploie toutes sortes de moyens pour casser la mobilisation populaire. Nous devons rester unis", a souligné Hamid, dont le frère a été tué en 2001. À la fin du rassemblement, l'ancien chef du MSP, Bouguerra Soltani a tenté de rejoindre les manifestants. Mais il a été chassé aux cris de "Klitou lebled ya serraqin". Au moment du déclenchement des événements de Kabylie en 2001, Soltani était ministre du Travail.