L'ambivalence de la réaction officielle est révélatrice de l'hésitation qu'on connaît à nos dirigeants L'Algérie a eu à éprouver les manifestations les plus barbares de violence islamiste. Cible inaugurale du terrorisme international, elle dut s'en protéger dans l'isolement. Déchirée entre la tentation de composer et le devoir de résister, elle mène, depuis, sa guerre contre les groupes armés tout en s'essayant à l'apprivoisement de leurs idéologues. Au plan intérieur, l'Algérie reste discrète sur les résultats de la lutte contre le terrorisme et ne se prévaut plus que de l'efficience de sa démarche réconciliatrice. Au plan extérieur, elle proclame son engagement dans la lutte contre le terrorisme mondial, tout en se retenant de s'aliéner la mouvance islamiste. De Londres à Charm Al-Cheikh, la situation sécuritaire générale s'emballe depuis quelques semaines, démontrant, si besoin est, la perspective universelle de l'offensive terroriste. Tant que la menace semblait circonscrite à des pays cibles, la communauté internationale prenait le temps de conjecturer sur la virtualité des “révolutions islamiques”. Chacun y cherchait l'occasion d'éprouver sa vocation : qui encourageait à l'avènement de la république théocratique conforme aux terres d'Islam ; qui proposait ses compétences d'entremise ; qui exerçait sa vocation de vigile des droits de l'Homme contre ceux qui osaient se défendre contre la violence intégriste et les velléités fascisantes des islamistes. Aujourd'hui, la menace s'est “démocratisée”. Il a fallu tant de victimes et une quinzaine d'années de violence pour que commence à se concevoir un consensus antiterroriste, encore inachevé. Et que commence à être établie la responsabilité de l'idéologie islamiste dans la propagation de la violence terroriste. C'est dans cette délicate conjoncture que le pays est directement confronté à une attaque du terrorisme international, avec l'enlèvement de nos deux diplomates à Bagdad. L'ambivalence de la réaction officielle est révélatrice de l'hésitation qu'on connaît à nos dirigeants : au moment où l'histoire nous donne raison, de manière sanglante malheureusement, où le monde découvre l'universalité du péril, nous en sommes encore à nous interroger sur l'illégitimité de l'agression. M. H.