Outre les barrages dressés chaque vendredi par la gendarmerie pour empêcher les citoyens de rejoindre Alger-Centre, les interpellations de manifestants hier matin dans les rues de la capitale ont provoqué la colère de la classe politique, de la société civile et des citoyens qui ont fortement dénoncé des pratiques "brejnéviennes". Un large mouvement de condamnation et d'indignation a pris forme, immédiatement après le partage des premières vidéos sur les réseaux sociaux montrant des hommes, des femmes, des enfants et des personnes âgées en situation d'interpellation. Des pères de famille accompagnés de leurs épouses et leurs enfants ont dû passer au commissariat pour pouvoir récupérer leurs papiers d'identité et les documents de leur véhicule. Me Noureddine Benissad président de la Laddh qui était hier avec les manifestants dans les artères de la capitale, s'est montré très irrité par ces nouvelles arrestations policières qui "constituent une autre atteinte aux droits de l'Homme, en les privant du droit de manifester et de s'exprimer. Dans tous les cas de figure, ils ne peuvent pas mettre tout le peuple algérien en prison". Pour le RCD, ces nouvelles interpellations policières dans les rues d'Alger interviennent au moment où le peuple déferle, en ce 14e vendredi, sur les artères de la capitale pour exiger le départ de tous les locataires du système. "Ces arrestations confirment bien les intentions du général Ahmed Gaïd Salah, celles de militariser la société algérienne, alors que le peuple est décidé à aller jusqu'au bout pour que tous les visages qui ont représenté le système partent et qu'ils n'ont aucun rôle à jouer dans la transition que réclame le peuple", nous a confié Yacine Aïssiouane chargé de communication en marge de la marche du 14e vendredi à Alger-Centre. Pour le président du Jil Jadid, Soufiane Djilali, qui a également battu le pavé à Alger, il s'agit en fait d'une nouvelle stratégie basée sur une approche sécuritaire qui est montée d'un cran. "Les tenants du pouvoir en place cherchent, à travers ces pratiques révolues, à casser le mouvement populaire et à exercer plus de pression sur le peuple. On a tout fait pour arrêter l'élan du peuple algérien. Après avoir dressé des barrages sur les grands axes menant vers Alger et procédé à la fermeture d'une des places symboliques de la révolution du 22 février, le pouvoir est dans une logique de tout casser sur son passage avant l'élection du 4 juillet". Le Front des forces socialistes qui a dénoncé cette nouvelle stratégie répressive des tenants du pouvoir, déclare que "les arrestations signalées ce matin (ndlr hier matin) et qui ont ciblé plusieurs personnes sans distinction, sont une véritable rafle". Le premier secrétaire du FFS, Hakim Belhacel, a condamné, en marge de la manifestation d'hier, "les arrestations policières d'hier qui s'apparentent beaucoup plus à un état de siège à peine voilé appliqué pour se débarrasser d'une révolution qui ne fléchit pas. C'est le propre d'une dictature naissante". Enfin, les interlocuteurs de Liberté exigent "la libération immédiate des personnes arrêtées". Hanafi H.