La communauté universitaire de Béjaïa a dénoncé, hier, une "politique dangereuse de division du peuple algérien". C'est le message essentiel que les étudiants, les enseignants et les ATS de l'université de Béjaïa ont tenu à faire passer en ce 18e mardi de mobilisation. Bien que moins nombreux à prendre part à cette manifestation, période des examens oblige, ils ont tenu à crier, haut et fort : "Assa azeka, amenugh yela yela" (Aujourd'hui, demain, le combat continue) ; "Maranech talguine" (On ne lâchera pas. On ne lâchera rien) jusqu'au "départ du système et de ses symboles et l'instauration d'une nouvelle République et d'un Etat civil et de droit". Les manifestants, qui ont formé deux carrés, colorés par l'emblème amazigh, symbole de l'identité et de la culture berbères, ont adapté leurs slogans pour la circonstance. Ils ont notamment scandé "Pouvoir criminel" durant tout l'itinéraire, soit du campus de Targa Ouzemour jusqu'à la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel, en passant par le stade olympique Aamriou et le rond-point de la cité Nacéria, rebaptisée, depuis le 3e vendredi de protestation, place Matoub-Lounès. "Pouvoir criminel ou pouvoir assassin en raison, a expliqué Karim, un étudiant en droit, de la politique dangereuse, de division", que le pouvoir prône ouvertement à travers cette histoire de l'emblème amazigh."Pour demeurer au pouvoir, ils essaient de diviser la société, je veux dire le hirak. Malheureusement pour eux, le peuple est uni et demeure pacifique en dépit des provocations", a-t-il soutenu. Une enseignante porte une pancarte qui résume assez bien le point de vue de Karim, au-demeurant très largement partagé par la communauté universitaire et par la société : "Ceux qui sèment la division sont un danger pour l'Algérie." Sur d'autres pancartes, on pouvait lire aussi : "Ni Gaïd Salah ni Bensalah. Système tayeh, tayeh" (Ni Gaïd Salah ni Bensalah, le système tombera) ; "Justice injustice" ; "Gaïd Salah dégage" ; "Oui, pour un Etat civil. Non, pour un régime militaire." Et pour ce 18e mardi de mobilisation, les manifestants réclament toujours "une transition démocratique" et "l'instauration d'un Etat de droit". Ils ont observé à la cité Nacéria une minute de silence à la mémoire de tous les martyrs et des victimes de la répression. Les photos des victimes du Printemps noir dans le chef-lieu de wilaya sont exposées sur un poster géant. Et de scander : "Pouvoir assassin" ; "Djazaïr houra demokratia" (Algérie libre et démocratique). Ils ont conclu leur halte avant de rejoindre la place Saïd-Mekbel en chantant l'hymne national, tout en levant leur bras en signe de victoire.