Les tractations se poursuivent pour constituer le "panel" qui conduira le dialogue politique "en vue d'organiser l'élection présidentielle". Chargé de coordonner ce groupe de personnalités, Karim Younès s'active à convaincre un maximum de monde pour adhérer à cette démarche qui fait débat. Contacté hier après-midi, l'ancien président de l'Assemblée populaire nationale a expliqué qu'il était en train de "poursuivre" les discussions. "Ça s'emballe. Je pense que la liste sera connue très prochainement", a-t-il simplement indiqué, avant d'aller se "concerter" avec d'autres personnalités. Interrogé sur la composition du "panel", Karim Younès a précisé qu'il sera "composé de 5 à 7 personnes au plus et sera le plus représentatif possible". Par représentativité, l'ancien ministre de la Formation professionnelle désigne notamment la présence de femmes et surtout une "répartition géographique" de son équipe. Ce sont donc des détails à discuter entre les personnalités concernées par ce dialogue. Si la composante du panel est sur le point d'être annoncée, la réaction du pouvoir est, pour l'instant, inconnue. Cela est notamment valable quant aux "préalables" que posent toutes les personnalités concernées par ce panel. À commencer par la libération des détenus d'opinion et les mesures d'apaisement telles que la levée des contraintes sur l'exercice des libertés et le libre accès aux médias gouvernementaux. "Ces questions viendront après la composition du panel", a répondu Karim Younès. "C'est au panel, qui sera choisi, d'imposer ses conditions", a, pour sa part, indiqué Abderrahmane Arar, coordinateur du Forum civil pour le changement. Ce dernier reconnaît des contacts avec les autorités, notamment avec l'institution militaire. Ce que Karim Younès ne confirme pas. "Moi, mes seuls contacts sont ceux du Forum civil pour le changement", réplique l'ancien président de l'APN, qui n'exclut cependant pas des contacts dans le futur. "Une fois le panel composé et avant d'aller au dialogue, nous discuterons avec les autorités sur les garanties", a-t-il cependant affirmé. Du côté des autres personnalités figurant sur la liste du Forum civil pour le changement, la réaction est pour l'instant timide. Toutes affirment être d'accord sur le principe du dialogue. Mais toutes conditionnent le dialogue à des garanties que doit donner le pouvoir. À commencer par la libération des détenus d'opinion et la levée des contraintes sur les manifestations et l'ouverture du champ médiatique public à toutes les sensibilités. Des conditions qui ne sont toujours pas réunies malgré les sollicitations de la classe politique. La lettre rendue publique, hier, par Ahmed Taleb Ibrahimi est l'illustration parfaite de cette exigence. Outre cet écueil, la poursuite des manifestations populaires est un véritable baromètre pour l'accueil que donneront les Algériens à cette entreprise de dialogue. Surtout que malgré les revendications des Algériens, les figures du système Bouteflika restent toujours en place. Ni Abdelkader Bensalah ni Noureddine Bedoui ne semblent sur le point de quitter leurs fonctions. Or, jusqu'à présent, tout ce qui est venu du pouvoir a été rejeté par la population. Le bras de fer se poursuit donc.