La population n'a trouvé que ces moyens pour faire entendre sa voix et porter ses revendications auprès des autorités locales. Les mouvements de protestation sociale se multiplient ces derniers jours en Basse-Kabylie, où il ne se passe pas un jour sans qu'on signale un sit-in devant le siège de la wilaya, une fermeture de route ou d'une institution publique (APC, daïra…). En effet, le recours systématique à des actions de protestation en vue de se faire entendre par les autorités locales est devenu monnaie courante chez les populations en détresse, du moins dans la wilaya de Béjaïa. Pour ces dernières, c'est la meilleure façon de dénoncer le laxisme des pouvoirs publics, mais aussi la seule manière de faire réagir ces derniers et de les inciter à se pencher sur leurs préoccupations quotidiennes. Ainsi, plusieurs localités de la wilaya de Béjaïa ont connu un début de semaine très mouvementé, caractérisé par des protestations citoyennes en cascade. Pour la seule journée du dimanche 28 juillet, on a enregistré la fermeture des sièges des APC de Boukhelifa, de Kendira, de Barbacha et d'une carrière d'agrégats située dans la commune de Toudja. À cela s'ajoute le siège de la mairie de Tifra, qui se trouve cadenassé depuis le début du mois de juillet en cours. Les citoyens protestataires se plaignent de la dégradation de leur cadre de vie. Si les villageois de Kendira dénoncent leur "exclusion" des programmes d'aide à l'habitat rural (Fonal), ceux de Khellil, relevant de la commune de Barbacha, réclament le renforcement de leurs réseaux d'assainissement et d'électricité. Quant aux habitants du village de Mouzaïa, perché sur les hauteurs de la municipalité de Boukhelifa, ils souffrent d'un manque criant en eau potable. Après avoir procédé, la veille, à la fermeture du siège de leur APC, ces villageois en colère sont descendus, hier matin, dans la rue pour bloquer la route nationale n°9, à hauteur de la station balnéaire d'El-Maghra, située entre Béjaïa et Tichy. Le blocage de la circulation automobile au niveau de cet axe routier, reliant la ville des Hammadites à l'est du pays, durera toute la matinée, provoquant ainsi des embouteillages terribles dans les deux sens de la chaussée. Il faut dire que la montée de la contestation sociale en Kabylie traduit un profond malaise au sein de la société algérienne. Un malaise social qui vient se greffer à la crise politique sans précédent que traverse le pays. En somme, la prochaine rentrée sociale, qui interviendra en pleine révolution populaire en marche, s'annonce d'ores et déjà des plus chaudes.